Il est toujours distrayant de voir comment on peut tenter de passer de l'écrit à l'image et passer à travers...
Stéphane Breton est un chercheur connu qui prolonge dans ces films une inspiration Levi-Straussienne de bon aloi avec un certain cynisme déplaisant.
La sincérité peut parfois faire défaut lorsque l'on s'adresse à un grand publique. Je m'explique concernant ce film, le caractère malicieux de la tribu n'est pas sans lien avec un opportunisme face à l'arrivée d'un blanc. Lorsque que l'ethnologue s'énerve car il pense que les membres de la tribu l'ont floué n'est pas nécessairement une scène à présenter. Je ne tente pas de justifier ces gestes mais la tribu se retrouve embarqué dans une aventure où ils sont tour à tour, acteurs et patients. Ce sont eux qui fixent les règles du jeu mais l'ethnologue, blanc européen donc riche, reçoit énormément de secrets et d'images qu'il exploite pour son propre bénéfice.
La difficulté des cinéastres et autres reporters est de tenter de rendre en image des situations complexes d'échanges interculturels pour lesquels l'écrit pose déjà problème.
Un problème en appelle un autre, Breton instaure une relation de confiance avec la tribu mais il regrette déjà l'évolution de celle-ci vers une certaine "modernité". Les cultures du Pacifique ont subi des évolutions et des dynamiques avant l'arrivée des blancs, le catastrophisme de l'ethnologue m'apparaît régulièrement comme un manque de confiance flagrant. Les cultures papous ont une histoire et renouvellent régulièrement leurs cultures à travers leurs identités (voir Roy Wagner, 1981).
A voir, les films d'ethno sont rares et chères.