LolitA.I.
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le 3 avr. 2012
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ATTENTION SPOILER
Eva a fait naître en moi les mêmes émotions que celles ressenties dans la salle de cinéma devant Her. Ces deux oeuvres magnifiques ont en commun leur grâce et leur sensibilité à fleur de peau. Parce qu'elles parlent, au fond, de la même chose : la naissance des sentiments, ou la renaissance de ceux que l'on croyait éteints, par le biais d'un argument science fictionnel qui demeure discret, imbriqué ici dans une dystopie blanche et cotonneuse.
Mais là où le film de Spike Jonze se reposait sur la voix sensuelle de Scarlett Johansson, l'oeuvre de Kike Maillo trouve dans son rôle titre LA présence lumineuse de cette petite fille, autant enfant par son espièglerie, sa joie de vivre, ses sourires gourmands et sa vivacité, que femme anticipée, changeante, orageuse, un poil manipulatrice, violente et charmeuse à la fois. La formidable Claudia Vega étincelle devant la caméra et se paie le luxe d'éclipser ses partenaires plus âgés, même si Daniel Brühl, ici taciturne, s'illustre aussi dans un registre tout en nuances. La relation qui se construit peu à peu entre ses deux là ne cesse de poser question, entre rapports au père, véritable complexe d'Oedipe, jeux d'attraction/répulsions et vols d'instants de vie mutuels à l'abri des regards.
L'argument science fictionnel, jamais gratuit, permet quant à lui au personnage de Daniel Brühl d'évoluer en même temps que sa création, qui expérimente littéralement les sentiments et ses débordements, tel un véritable petit garçon, tandis que son Gepetto, dilettante et mélancolique, déterre ce qu'il avait enfoui à l'occasion de ce que l'on devine comme un départ brutal et précipité. Il est cependant amusant de constater à quel point les robots du film semblent plus à même d'exprimer ce qu'ils éprouvent, au contraire des humains, baignant tous dans une atmosphère de deuil et d'émotions refoulées, longtemps incapables de dire clairement ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre, qu'ils soient frères, amis ou amoureux.
Là où androïdes et êtres humains se rejoignent cependant, c'est lorsque ces sentiments débordent ou explosent, dans un paroxysme incontrôlable, débouchant parfois sur une issue dramatique. Mais là où l'homme vivra avec le poids de ses actes et de ses manques ayant conduit au pire, l'androïde pourra, lui, au terme d'une scène déchirante et d'une infinie tristesse, accéder à la conscience de soi et rêver à l'existence d'un autre monde.
Véritable coup de coeur, Eva est finalement une fable magnifique et poignante sur l'identité humaine et les sentiments qui l'animent.
Behind_the_Mask, qui se demande ce qu'il ressent quand il ferme les yeux.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Une année au cinéma : 2015 et Pour moi, 2015, c'était...
Créée
le 14 avr. 2015
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