LolitA.I.
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le 3 avr. 2012
31 j'aime
7
Soyons franc.
Les films sur l'intelligence artificielle n'ont jamais été de mon goût... Déjà avec Spielberg et son A.I., servi par Jude Law tout de même, n'avait su éveiller en moi une once d'émotion. Que dire de L'Odyssée de l'espace, chef d'oeuvre ultime de la science-fiction paraît-il, auquel je reste indéniablement imperméable. Matrix qui, au-delà de son premier, n'a su me rendre fidèle à ce genre.
Bien évidemment, il serait hypocrite de dire que je rejette ce type de science-fiction quand j'avoue être tombé en amour devant Her et Moon qui au sein d'un univers robotique brille de leur humanisme.
Eva est un film espagnol, le premier long-métrage de Kike Maíllo, avec lequel il remporte de nombreux prix dont le Goya du meilleur jeune réalisateur. Déjà, ça m'effraie, les films espagnols ou sud-américain ont souvent une certaine lenteur dans l'écriture et la réalisation et vire généralement à la fresque contemplative.
Alors je m'imagine un film espagnol science-fiction sur les robots... aucune raison d'aller le visionner...
Soyons ouvert d'esprit.
Des petites perles j'en ai découvertes un certain nombre avec SensCritique malgré mes réticences infondées (au prix de certains navets tout de même). Un résumé, quelques critiques, une bande-annonce et un doute suffisent à attiser ma curiosité.
Soyons émerveillé.
Eva... Eva... Quelle belle surprise... Je renoue avec cette esthétisme qui a fait le succès de Her. A contrario de ses prédécesseurs, Eva n'est pas un univers aseptisé par la sobriété d'une société futuriste. Elle demeure semblable à la notre, troublante de réalisme et de contemporanéité. Les quelques témoignages de cet univers robotique réside dans les détails. Le résultat n'en est que plus crédible et force l'immersion dans ce monde où les robots sont aussi communs que les meubles.
Pour reprendre l'un des thèmes les plus visités et revisités du cinéma de science-fiction avec cette insolence... Il fallait oser.
Daniel Brühl et Marta Etura, tous deux murés dans leurs doutes, qui s'attirent autant qu'ils se repoussent, contrariés par les codes de bienséance, offrent un beau jeu d'acteur. Et que dire de Claudia Vega, ce petit bout de femme qui dénote par son insolence, sa détonante maturité et son esprit si singulier qui se veut être le modèle d'un futur robot, celui de David qui, dès leur première rencontre, est intrigué et fasciné par la petite Eva.
C'est au coeur de ce village de montagne, au coeur de ce quatuor qui s'attire et se déchire, qui se dévoile autant qu'il se dissimule, que naissent toutes les prémisses de réflexion sur l'éthique de la robotique. Le jour où l'on parviendra à maîtriser l'intelligence artificielle, pourrons-nous dire que nos robots sont dotés d'une âme ? Est-ce notre intelligence émotionnelle qui décrit notre humanité ? Que dire alors si de tels robots adoptent nos sentiments, seront-ils humain ou robot ? Quelle frontière entre le programmé et la sincérité ? Déjà ces questions avaient été abordé dans Moon avec une rare intelligence dans l'écriture. Mais Eva a le mérite de nous les (im)poser différemment, avec un angle de vue pour le moins singulier.
Soyons déçu.
Alors que le film arpentait le sentier du film référence de la science fiction robotique.
Alors que le film pouvait nous mettre à mal, nous triturer le coeur avec ses questionnements.
Alors que le film pouvait nous faire plonger dans cet univers nouveau et établir de nouvelles normes.
Il ne demeure que trop didactique. Plutôt que de troubler il tente en vain un triangle amoureux des plus maladroits, ce n'était pas du pathos qu'on voulait, c'était de l'idée, de la réflexion, on voulait pas des larmes, on voulait se prendre un mur de vérités en pleine tronche.
Il est bien dommage qu'Eva n'assume pas tout le potentiel qu'il détenait, n'ayant l'ambition de titiller les grandes références. Il use trop de la niaiserie issue de sa contemplation plutôt que de percuter avec ses constatations. Eva c'est une aventure simple avec des gens attachants qu'il nous ai donnés de suivre au travers d'un écran, une fenêtre ouverte sur leur vie à un instant donné.
Soyons bon public.
Cela dit, malgré ses défauts, Eva reste une belle performance pour un premier long-métrage. Il attire par son magnétisme, par son esthétisme et ses interprètes. Il est à l'image de la relation entre David et Eva : attachante, émouvante, réjouissante.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Un film... Une réplique..., Les meilleurs films sur l'intelligence artificielle et Je les ai aimés, je me suis attaché à eux, ils étaient mes amis. J'ai pleuré pour eux. J'ai été heureux pour eux. Je les ai soutenus. Ils ont partagé leurs vies avec moi. Le temps d'un film.
Créée
le 25 mai 2015
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