Au sommet, le film de l'Islandais Baltasar Kormàkur n'y va pas par quatre chemins. Katmandou est montrée en deux cartes postales, et la dimension spirituelle de la région évacuée en un plan, du monastère bouddhiste de Tengboche. Le récit n'est pas là non plus pour évoquer les sujets qui fâchent, comme l'exploitation des sherpas ou la pollution par le plastique. Action, action, action !
Faut-il pour autant bouder son plaisir ? Aucunement. La 3D donne du relief ; les plans de crevasse, le frisson. Chaque ressort dramatique agit comme un coup de piolet : une échelle qui bascule, une paroi mal équipée, des bouteilles d'oxygène vides. Le divertissement est total, décomplexé, les décors beaux à couper le souffle. Et le film de poser une question cruciale : pourquoi s'infliger cela ? Les nausées, les engelures, le danger de mort… Pour l'amour du risque ? Plutôt le surpassement ! Une façon de rappeler joliment que les sommets, on les trouve parfois en soi.
ON Y VA ? Oui, mais bien équipés, anorak confortable et boissons chaudes de rigueur!
Clin D'œil :
Du haut de ses 8 848 mètres, l'Everest, montagne située dans la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre le Népal et la Chine, est un vrai challenge pour les alpinistes avides de sensations fortes. En 1996, Jon Krakauer en a fait les frais. A cette époque, le texan travaille comme journaliste pour le magazine d'aventure Outside. Au mois de mai, il est envoyé en reportage au coeur d'une expédition "commerciale" sur les pentes de l'Everest, menée par les guides Rob Hall, expert de la montagne (qui avait déjà gravi trois sommets de l'Himalaya en deux mois en 1994 : l'Everest, le K2 et le Lhots) et Andy Harris. Le tourisme des hauts sommets bat alors son plein et un autre guide, Scott Fischer, motivé par l'appât du gain, emmène lui aussi une cordée de clients.
Sauf que l'ascension de ce 10 mai 1996 va tourner à la catastrophe. Comment ? A cause d'une forte tempête qui va coûter la vie à huit grimpeurs, parmi lesquels Rob Hall, Andy Harris et Scott Fischer. Jon Krakauer, lui, a survécu. En 1997, il a publié le livre Tragédie de l'Everest, dans lequel il revient sur son expérience. C'est ce livre qui a servi de matière première à Everest de Baltasar Kormákur, sorti dans les salles en 2015, avec Jake Gyllenhaal, Jason Clarke et Josh Brolin. A noter que pour plus de réalisme, l'alpiniste Guy Cotter (joué par Sam Worthington), coordinateur des secours au moment de la tragédie, a officié en tant que consultant sur le long-métrage.