Il semblerait que Baltasar Kormákur commence à se faire un nom à Hollywood, vu qu'on semble lui donner des projets de plus en plus prestigieux. Après avoir dirigé à deux reprises Mark Wahlberg dans Contraband et 2 Guns, où il était accompagné pour l'occasion de l'immense Denzel Washington, deux séries B assez moyennes globalement oubliables mais divertissantes, qui ont plutôt bien marché au Box-Office, le voilà aux commandes d'un casting 5 étoiles pour réaliser son examen de passage, le fait divers dramatique dont sont friands les américains. Pourtant si il semble avoir conquis le public, ses derniers années il est plutôt en froid avec les critiques, ses films les plus récents étant de qualités tout juste passables. Donc arrivera-t-il avec son dernier film à réconcilier tout le monde et offrir un film pleinement satisfaisant ?
Si l'on se fit au postulat de départ, l'ensemble est mal partie. On se trouve face au fait divers classique de l'Homme contre la nature dans ce qu'elle à de plus brutal. Et on traite ce genre de sujet de la même manière, comme une tragédie humaine pleine de pathos. Le vrai problème viendra de là, Kormákur ne s'éloigne jamais de ce postulat et brode son film avec tout les clichés du genre, transformant cette histoire en banal produit hollywoodien. De la première à la dernière minute, nous serons en terrains conquis notamment quand le film s'intéressera à la vie familial de certains des personnages, banalisant ses relations par des stéréotypes simplistes. Que ce soit l'histoire autour du nom de la future fille d'un des personnages, un mariage qui prend l'eau ou encore l'angoisse d'une des épouses tout cela suit le schéma pré-établie de ce genre de film laissant le spectateur agacé et lasse. Surtout que cet aspect du récit prend beaucoup d'importance lors du troisième acte, délaissant même les alpinistes au profit de leurs proches, nous faisant vivre le drame de l'autre côté de la barrière. Alors que l'histoire aurait du être entièrement dévoué à ses alpinistes, pour nous faire ressentir tout l'aspect survie de l'histoire, nous plonger dans le viscérale et l'horreur de ce genre de catastrophe. Au lieu de ça, il prendra l'angle de la facilité handicapant la force de cette histoire. D'ailleurs il ne s'intéresse jamais aux bonnes questions, à savoir le pourquoi. Une fois la question posée, le film l'esquive et offre une réponse succincte et presque patriotique mais il ne s'intéresse pas au raison d'une telle folie. Car cette ascension est littéralement folle, elle engendre la mort du corps et de l'esprit, alors pourquoi l'entreprendre ? Et finalement on n'aura pas de réponse à cette question alors qu'elle aurait du être au cœur du long métrage, pour le sortir de la banalité. Ses questionnements psychologiques étant trop rarement au centre de ce genre de production. En résulte donc une oeuvre tire-larmes simpliste, sans envergure et déjà-vu qui n'attise que la déception.
Le casting 5 étoiles vaut quand même le coup d’œil, les acteurs font convenablement le job. Dommage par contre que les personnages féminins ne soit là que pour appuyer sur la corde sensible, étant cloisonnés dans des rôles ingrats où elles se sentent obligées d'en faire trop. Keira Knightley et Robin Wright n'arrive donc pas à convaincre dans leurs rôles et rejoignent les membres du casting sous-exploités. Parce que lorsque l'on a autant de personnages et d'acteurs certains sont malheureusement sacrifiés, et ici c'est Sam Worthington et Jake Gyllenhaal qui en font les frais. Ils n'ont pas grand chose à jouer et il semble au final n'être là que pour cachetonner. Le casting est finalement dominé par Jason Clarke et Josh Brolin, qui se montre tout deux impeccables et très juste même si ils manquent de charismes pour vraiment tenir l'ensemble. Celui qui finit par créer la surprise c'est John Hawkes qui apporte une touche d'humanité assez appréciable.
Le film dispose aussi de très beaux visuels, c'est même d'ailleurs la partie la plus réussie du film. Les effets spéciaux sont souvent bluffants et la réalisation technique est aux petits oignons avec une photographie léchée et un montage habile durant les deux premiers tiers arrivant à éviter l'ennui malgré le faîte qu'il ne se passe, au final, pas grand chose. Il est juste regrettable d'avoir une bande sonore qui verse trop souvent dans les compositions larmoyantes. La mise en scène de Baltasar Kormákur se montre quant à elle maîtrisée et assez efficaces offrant des panoramiques aériens fluides et assez impressionnants. Elle n'arrive quand même pas à jongler entre les différents personnages, devenant même illisibles lorsque la tempête s'abat sur les alpinistes, le spectateur ayant du mal de voir ce qui arrive et à qui cela arrive. Elle se perd donc dans le moment le plus important du film, nous sortant légèrement de celui-ci. Malgré tout, elle reste en mesure de nous offrir quelques plans de toute beauté et certains vertiges lors d'un ou deux moments de tensions particulièrement réussis.
En conclusion Everest est un film moyen qui s'inscrit dans ce à quoi Baltasar Kormákur nous a habitué. A savoir un film efficace dans une certaine mesure mais qui se contente du strict minimum tombant dans la paresse et la facilité. Ici on est face à un spectacle qui enchaîne pathos et séquences déjà-vu et qui ne se justifie que par une mise en scène plutôt réussi grâce à quelques moments exaltants, ce qui ne fait pas un film. Surtout que le casting à beau être impeccable pour la plupart, il est aussi mal utilisé et manque de force ainsi que de cohérence pour tenir l'ensemble. On passe donc un moment anodin mais pas entièrement désagréable devant ses 2 heures de métrage mais une fois passé ça, on en retire quasiment rien. Ce qui s'apparente un peu à du gâchis.