Mélo apaisé
Sept ans après son dernier film de fiction, et après deux documentaires, le grand cinéaste allemand Wim Wenders revient à la fiction en 2015 avec Every thing will be fine, un mélodrame qui sait...
Par
le 14 avr. 2020
15 j'aime
Tomas (James Franco) est écrivain. En panne d'inspiration pour son nouveau roman, il s’est retiré dans une cabane de pêcheurs isolée au milieu de l'hiver canadien. En allant retrouver sa compagne, il percute deux enfants qui faisaient de la luge sur une route enneigée. L’un d’eux est tué. Bien qu’il ne soit pas responsable de ce qui est arrivé, Tomas ne parvient pas à surmonter ce traumatisme et s’enfonce dans la dépression. Il quitte sa compagne, fait une tentative de suicide puis peu à peu se remet à écrire en utilisant cet épisode de sa vie. Ce troisième roman est couronné de succès.
Tomas éprouve alors le besoin de revoir les lieux de l'accident, la mère des enfants (Charlotte Gainsbourg), la maison devant laquelle s'est déroulé le drame. Il passe toute une nuit auprès d'elle qui ne cesse de lui répéter qu'il n'est pas coupable, que c'était à elle de surveiller ses fils.
La carrière de Tomas décolle, il se marie avec Ann (Marie-José Croze), adopte son adorable fillette, devient riche et célèbre alors que la mère de l'enfant continue à mener une existence presque misérable en compagnie de son fils aîné, Christopher (Robert Naylor). Devenu adolescent celui-ci va tenter de se rapprocher de Tom, lui reprochant implicitement d'avoir utilisé le drame et réussir sa vie professionnelle et personnelle. Après une crise conflictuelle entre l'adolescent et Tom, les choses semblent s'apaiser.
Mon opinion sur ce film
Esthétiquement, le film est très beau (photographie de Benoît Debie) avec des images saturées et des lumières envoûtantes, soutenues par la musique répétitive d’Alexandre Desplat. On retrouve l’attrait de Wim Wenders pour la lenteur et le découpage des paysages, vus à travers les fenêtres qui lui servent de cadre. On ne peut s’empêcher de penser au peintre Edward Hopper mais aussi à certains plans du Ghost Writer de Polanski (dont la musique a aussi été écrite par le même Desplat). Ayant vu le film lors de sa diffusion à la télévision, je ne l’ai pas vu en 3D. Je me demande d’ailleurs ce que cette technique peut apporter à ce genre de film plus contemplatif que spectaculaire.
Hormis cette beauté formelle, que dire du contenu du film ? L’histoire, à partir du scénario de Bjørn Olaf Johannessen, est, en soi, dramatique : la mort d’un enfant lors d’un accident stupide dans lequel on ne peut incriminer personne, si ce n’est l’insouciance des enfants et la faute à pas de chance. Mais, est-ce dû à la manière de filmer de Wenders, est-ce dû au jeu des personnages, très intériorisé, presque mutique - que ce soit celui de James Franco, de Charlotte Gainsbourg ou même du jeune Robert Naylor, l’ensemble reste froid, comme si le réalisateur observait ses personnages du point de vue de l'entomologiste.
Mais, ce parti-pris est sans aucun doute un choix du réalisateur et nous rappelle par moments son chef d’œuvre "Les Ailes du désir", où les anges observent de loin les hommes qui s’agitent sous leurs yeux sans pouvoir interférer avec eux au risque de perdre leur statut angélique.
Outre que le film est marqué par le style de Wenders, on peut toutefois comprendre cette volonté de minimalisme pour rendre le traumatisme de cet écrivain qui ne se pardonne pas la mort d'un enfant et se sent responsable du devenir de sa mère et de l'adolescent survivant.
Mais, outre que le film paraît terriblement long (alors qu’il ne dure que 118 minutes), le spectateur a du mal avec le mutisme des personnages, leurs visages fermés, et leur absence de manifestations de sentiments. En bref, on reste sur sa faim. Rien d’étonnant à ce que le film ait fait un bide dans les salles et qu'il soit mal noté (note moyenne 2,8/5 sur Allociné, 17% sur Rotten Tomatoes et 4,3/10 sur Metacritic, bien qu'à mon avis, il vaille mieux que ça.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec des rôles tenus par des enfants, Les meilleurs films de Wim Wenders, Les films où il fait froid, Les films à la meilleure photographie et Les meilleurs films avec Charlotte Gainsbourg
Créée
le 16 juin 2017
Critique lue 177 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Every Thing Will Be Fine
Sept ans après son dernier film de fiction, et après deux documentaires, le grand cinéaste allemand Wim Wenders revient à la fiction en 2015 avec Every thing will be fine, un mélodrame qui sait...
Par
le 14 avr. 2020
15 j'aime
Voilà tout juste sept ans que le réalisateur allemand ne s'était pas adonné aux films de fiction. Après l'échec commercial de Rendez-vous à Palerme en 2008 (passé inaperçu en France en raison d'une...
Par
le 27 avr. 2015
15 j'aime
3
On pense à Russel Banks, et pas seulement à De beaux lendemains, dans cette manière de raconter un drame radicalement non spectaculaire et volontairement dépourvu de scènes édifiantes. La 3D permet à...
Par
le 25 avr. 2015
11 j'aime
Du même critique
Sibyl (Virginie Efira), psychothérapeute, décide d’arrêter l’exercice de sa profession pour revenir à sa première passion : l'écriture. Néanmoins, alors qu’elle a annoncé à ses patients qu’elle...
Par
le 26 mai 2019
11 j'aime
6
Les critiques des revues ou des sites spécialisés sur le cinéma n’ont généralement pas épargné ce film, sans doute trop atypique pour eux, mais cela ne saurait me surprendre tant ils adorent pouvoir...
Par
le 11 nov. 2023
9 j'aime
L'action se déroule dans le Montana, au début du XXème siècle. Le film est fidèle au livre, en grande partie autobiographique, de Norman Maclean : nés dans une famille presbytérienne du Montana, deux...
Par
le 19 déc. 2014
8 j'aime