J'ignore pourquoi Sens Critique utilise le titre américain pour présenter Todos tenemos un plan, Usurpateur en français, alors que sa règle générale est de retranscrire les titres des affiches des cinémas français. Bizarre...
Un médecin citadin, névrosé désabusé par sa vie, et en totale incapacité d’assumer la paternité que lui exige son épouse, disparait de sa propre vie pour prendre la place de son frère jumeau mort devant ses yeux, apiculteur contrebandier, semi-crapule et preneur d’otages à ses heures. Scenario complètement invraisemblable, le voilà livré à tromper tout le monde et à vivre imprudemment dans la cabane de l’un de ces habitants marginaux du delta du Paraná, zone fluviale où s’est développée une forme de sous-société apparentée au far-west, et régie par toute une somme de codes, règles et trafics. A mesure de ses maladresses se bâtit sa nouvelle vie autour des comptes à régler avec les familles voisines, des intrigues en cours, de la complicité encombrante d’un dangereux ami d’enfance des deux frères, et de la jeune copine maltraitée et bonne à tout faire de celui-ci pour laquelle il éprouve de plus en plus de compassion.
Ce pur film d’aventures hispano-argentin sans prétention à la profondeur frappe par le réalisme de son organisation sociale, et nous balade dans l’anachronisme d’une de ces zones du monde où les trop récentes ébauches civilisatrices font se côtoyer le fragile vernis citadin des villes modernes et les codes semi-anarchiques des dangereux bayous argentins. Dans ce rôle sombre, inquiétant et fragile, Viggo Mortenssen, acteur réputé multilingue, nous le prouve dans sa parfaite aisance en espagnol. C’est dans cette tourmente et cette fuite intime que notre héros s’engage à inventer ses nouvelles valeurs amoureuses, ses raisons de vivre, en tentant d’assumer ce qui lui parait juste.