Everybody wants somes !! est une comédie étudiante vintage, où on suit une équipe de base-ball savourer leur dernières 48h avant la rentrée universitaire en 1980, époque charnière qui marque un tournant des genres, notamment vestimentaires et musicaux. La reconstitution est parfaite et soignée, même si l'époque semble avoir été un peu idéalisé tout de même par l'auteur/réalisateur Richard Linklater qui signe là une œuvre en grande partie autobiographique. Ce cinéaste à la plume toujours juste et naturelle et à la caméra précise, nous prouve une fois de plus qu'il est le maître incontesté de la mise en scène du quotidien sans jamais tomber dans l'ennui, le redondant ou l'inconsistance.
Ce film est une suite spirituelle de Dazed and Confused, que Linklater a réalisé en 1993 à ses débuts, qui n'est jamais sorti en France, malgré un casting 5 étoiles : ce film regroupait Ben Affleck, Matthew McConaughey et Milla Jovovich à leurs débuts. Il racontait le dernier jour du lycée, et Everybody wants some !! commence les deux premiers jours d'avant la fac. Même époque, même trépied gagnant pour les personnages, à savoir sexe, drogue et baseball. Même diversité musicale qui est représentative de ce passage des années 70 à 80, on y retrouve donc des musiques très éclectique, du rock, de la disco, de la country, du métal, du punk et du new-wave.
Richard Linklater est un cinéaste peu connu du grand public, il a réalisé notamment Before Sunrise et Before Sunset, deux films qui ont près de 10 ans d'écart, avec Ethan Hawke et Julie Delpy. Ils se rencontrent dans le premier et passent une nuit ensemble à se balader dans Vienne jusqu'au lever du soleil où chacun reprend son chemin. Ils se retrouvent 9 ans plus tard, à Paris, dans le second film et ont la journée ensemble jusqu'au coucher du soleil. Linklater a aussi fait du bruit il y a 2 ans avec Boyhood, grâce à une technique de tournage novatrice puisqu'il n'a tourné que 2 ou 3 jours par an pendant 12 ans, suivant ainsi un enfant de 6 ans jusqu'à son entrée à l'université. Durant ce film de 2h on assiste donc à l'évolution physique des comédiens durant ces 12 années.
Ce qui frappe en fait dans le cinéma de Richard Linklater, ce qui nous touche, c'est le réalisme des personnages et la sincérité des propos. Cet aspect presque documentaire rend ses films naturels ou en tout cas libre de tout artifice.
On peut aussi retrouver une qualité propre à ce cinéaste qui est la direction d'acteur impeccable. Il y a un énorme boulot de ce côté-là, avec une bande de comédien inconnus ou presque qui ont été dirigé avec intensité, proximité et complicité. Tout est extrêmement travaillé, la manière dont les comédiens dansent, la manière dont ils jouent au base ball, on sent un entrainement intensif pour donner vie à ces personnages. Justement, l'auteur/réalisateur aime profondément ses personnages, avec leurs folies et leurs défauts, à aucun moment il ne les juge ou les rabaissent, et c'est très rafraichissant de voir évoluer ces anti-héros sans qu'un message démago et manichéen ne vienne se coller à toutes ces images de transgressions et d'amoralité. Ces images de vies finalement.
En conclusion, c'est un film d'époque léger mais avec du cœur, beaucoup de cœur. Un film nostalgique, hilarant et sincère.
Derrière l'apparente simplicité du propos, on nous offre un film sur le passage à l'âge adulte, mais surtout sur le fait d'en apprécier le chemin.