Film d'animation toujours inédit par chez nous, Everyone's Hero est surtout connu pour le dernier film sur lequel a travaillé Christopher Reeve avant sa mort. En effet, désireux de se lancer dans l'animation, l'ancien acteur tétraplégique s'était attaqué à la co-réalisation d'un long-métrage ambitieux tournant autour d'un sport typiquement américain : le baseball. On comprendra donc aisément la réticence des distributeurs français à sortir ce film en France, notre cher contrée étant assez ignorante en ce qui concerne ce sport tant adulé Outre-Atlantique. De plus, l'échec commercial du film a refroidi les ardeurs quant à une éventuelle sortie directement en DVD...
Pourtant, Everyone's Hero s'avère très sympathique autant graphiquement que sur le papier. Principalement animé par la pourtant peu fameuse société IDT Entertainment (The Happy Elf), le long-métrage n'a rien à envier aux productions de l'époque, les personnages étant à la limite du réalisme et de l'aspect cartoonesque, le tout dans une animation fluide et agréable. Le scénario est quant à lui rocambolesque, notre jeune héros parcourant les routes clandestinement afin de retrouver la précieuse batte fétiche de Babe Ruth, volée par le directeur d'une équipe rivale.
Là, vous vous demandez qui est donc Babe Ruth ? Et c'est là le problème principal du film : il ne s'adresse exclusivement qu'à des fans de baseball. Babe Ruth est donc une légende du baseball qui a eu son heure de gloire durant les années 20 à 30. Vous l'ignoriez ? Tant pis pour vous. De même pour tous les termes spécifiques au sport comme les homeruns, les fausses balles ou encore les bases, omniprésents dans le film. Ces détails digérés, on se retrouve donc devant un conte plus ou moins moderne, une aventure humaine palpitante également teintée de fantastique avec la présence de Screwie la balle parlante bougonne (brillamment doublée par Rob Reiner) et de Darlin' (Whoopie Goldberg), la batte volée.
Nous passerons aussi sur les valeurs familiales poussives, la happy-ending exagéré et quelques anachronismes involontaires (les Cincinnati Tigers n'ont été créés qu'en 1934, or l'intrigue se situe ici en 1932). Américain jusqu'à la moelle, le film regorge cependant d'un humour bien réparti, de dialogues amusants et d'un décor soigné et original : la Grande Dépression comprenant pauvreté, isolations et ségrégations, sujets rarement abordés dans un film pour enfants. Everyone's Hero est donc un peu plus adulte que ses rivaux, un peu moins accessible aussi et surtout très conservateur mais reste néanmoins un très bon divertissement qu'on prend plaisir à regarder, du peu qu'on s'intéresse un minimum au sujet traité.