Feast on this, motherfucker !
Il y a quelque chose d'assez ironique de voir débarquer le remake d'Evil Dead un an pile (ou presque) après "La cabane dans les bois" film de Drew Goddard, scénarisé par Joss Whedon. Un film où on nous parlait du film d'horreur forcé de tourner en rond dans ses clichés sous le poids de multinationales cupides et d'entités (comprendre : spectateurs) intransigeantes. Une cabane, des bois, des jeunes, un remake. Tous les éléments sont là, mais de tous ces pièges le jeune Fede Alvarez, chapeauté par Sam Raimi et Bruce Campbell, arrive à tirer quelque chose.
Ho bien sûr ce remake ne brille pas par son originalité, là où Sam Raimi arrivait à sublimer ses 3 bouts de ficelles par des idées complètement folles en 1981 il est difficile de surprendre encore en 2013. Après une courte intro sympathique la mise en place de l'histoire est assez catastrophique. Casting sans relief, personnages pas très attachants et grosses ficelles sont au programme.
Ho, un gros plan sur un pistolet à clou. Ha, un long panoramique sur un shotgun. Hey, un insert sur une barre-à-mine. Ce montage habile et discret essayerait-il de nous indiquer que ces objets vont être utilisés de façon détourné par la suite ? Faisons celui qui n'a pas remarqué...
On sent tout de même poindre une idée derrière tout ça : le personnage de Mia et son addiction. Déjà c'est sans doute le prétexte le moins con qu'on ait vu pour isoler une bande de jeunes dans une cabane depuis longtemps. Ensuite les delirium tremens dû au manque peuvent facilement être mis en parallèle avec la possession démoniaque. Une idée de génie qui ne sera malheureusement pas exploité. Bref on patiente en subissant des jump-scare routiniers et un mixage agressif puis les choses démarrent: LA nuit tombe, cette nuit qu'on attend tous.
Bien sûr nos personnages se comportent comme des andouilles "viens on va faire des groupes de 1" dans pas mal de situation, on a envie de les baffer... mais la direction artistique bien cradingue fait son effet et l'escalade dans la violence est assez dingue. Les effets spéciaux en dur fonctionnent à merveille, comme à l'époque et la mise en scène aime bien insister sur tous ces corps qu'on mutile sauvagement. On a beau trouver ces personnages super cons on finit par avoir mal pour eux. Ca transperce, ça coupe et ça verse des hectolitres de sang, ça en devient assez hypnotique au bout d'un moment. Et puis dans tout ça la relation entre Mia et son frère finit par exister.
C'est alors qu'on arrive à l'épilogue... croit-on. Mais le film repart, s'affranchit de son modèle et va jusqu'au bout de l'idée de départ pour offrir un final complètement dément... même si complètement con aussi. Certes le rebondissement y conduisant pue un peu du fion mais ce qu'on nous propose en échange c'est une vingtaine de minutes hallucinées, dans un pur esprit série b.
Au final ce remake s'en tire plutôt bien, il a la maladresse de s'inscrire dans ce que l'âge moderne du genre fait de pire pour sa mise en place mais il a surtout l'élégance de rectifier le tir au fur et à mesure. Ca ne fait pas peur, on n'en est plus là, mais on s'en prend plein la gueule. Ce remake d'Evil Dead est comme une machine à remonter le temps : depuis aujourd'hui jusqu'aux années 80, le tout dans un crescendo bien hardcore et généreux, pile ce qu'il fallait.