Evil dead sauce 2023

"Evil dead rise" fait mal, très mal. Mais pas pour ses personnages... Attention Spoilers! Si la saga initiée par le bricoleur Sam Raimi a autant marqué les esprits c'est qu'elle s'est constamment réinventée et appropriée un nouveau public à chacune de ses démarches. Le film original réinventait le concept de la maison hantée avec sa cabane démoniaque, ses sévices corporels et son gore généreux. Le second faisait de son héros un hymne à la survie et à la souffrance autant physique que psychologique baignant dans une folie cartoonesque et visuelle gargantuesque. Le 3ème faisait basculer la saga dans la gaudriole en mutant son héros en type peu fréquentable mais tenace tout en atténuant la violence. Le remake de Fede Alvarez revenait avec déférence aux sources éprouvantes de la violence physique et au sérieux religieux de son modèle. Quand à la série, elle mixait toutes ces précédentes influences pour en faire un show horrifique assumant complètement la sournoiserie et le côté libidineux de son héros dans des péripéties gores complètement folles. Alors "Evil dead rise" c'est quoi? Un fan-service complètement à côté de la plaque de toutes les séquences marquantes de la saga et d'autres classiques de l'horreur comme "L'exorciste", "Vendredi13", "Shining" ou encore "the thing"... La dissolution complète de l'oeuvre de Raimi dans un best-of ridicule du fantastique contemporain en évacuant tout le sadisme des mutilations et la folie gore joyeusement decérébrée qui en faisaient son identité. Ici c'est d'un sérieux de cathédrale ringard avec des jumpscares mécaniques, une musique générée par IA et des dialogues bidons. Et la trouille dans tout ça? C'est bien là l'aspect le plus impardonnable du film : à aucun moment le film ne fait peur malgré l'implication de son deadite principal, tout s'enchaîne avec un amateurisme presque scolaire et une bêtise rare. Pourtant la réalisation est soignée, tout comme la photographie, certains plans sont judicieux et inventifs (le titre du générique, la séquence du judas...) mais de voir Raimi producteur chier sur la mythologie de son oeuvre

(comme Carpenter sur sa trilogie "Halloween") tout en en prétextant une modernisation urbaine est bien désolante et symptomatique du mal-être de l'horreur de plate-forme complètement aseptisée et sans aucune perspective ni personnalité. On pensait la franchise "Evil dead" à l'abri de la destruction intellectuelle style Disney mais non, pour ses 40 ans on lui a offert de rentrer dans le formatage et la médiocrité. Quelle horreur...