Ewa
4.5
Ewa

Film de Haim Tabakman (2016)

De la gueule, mais ni queue ni tête...

"Maman est une rescapée de la Shoah et toi, tu étais ici et tu baladais des filles sur ta moto". C'est quand j'ai entendu ce dialogue que je me suis dit qu'après un début plus que correct, Ewa n'allait pas marcher. Non seulement parce que je ne vois pas comment une fille peut dire une chose pareille à son père, mais aussi parce que littéralement deux secondes auparavant, la caméra vient de nous montrer très ostensiblement le tatouage de rescapée d'Auschwitz sur l'avant-bras de l'intéressée.


De fait, tous les défauts du film de Haim Tabakman sont contenus dans cet instant : un mauvais timing et une absence... d'humanité, tout simplement confondante. Le point de départ est alléchant : un mari dévoué à son épouse découvre qu'elle mène une double vie, liée à son expérience dans les camps. Comme le souligne le dialogue plus haut-cité, elle est une juive polonaise, lui est né en Terre Sainte. Assistera-t-on à une réflexion sur la difficulté à réconcilier ces deux facettes du peuple élu ? Las. Tout cela est traité sans subtilité ni surprise.


Ewa est bien filmé, plutôt bien joué, mais dénué de toute chaleur. Le réalisateur joue la carte des non-dits ; pourquoi pas, mais encore faut-il que les silences véhiculent quelque chose, ce qui n'est ici pas le cas. Je ne blâme pas les trois acteurs principaux, ils ont de la présence, mais le script n'a rien à leur offrir. Les actions des protagonistes, ou plutôt leur inertie, ne semblent répondre à aucune logique, si ce n'est le désir de les placer dans un face-à-face taiseux, qui se voudrait pudique mais n'aboutit qu'à l'ennui.


Co-production israélo-polonaise réalisée juste avant la crise diplomatique entre les deux pays, Ewa laissait, bien malgré lui, augurer cette dernière : on ne se parle pas beaucoup, et quand on le fait, c'est pour traiter sans le moindre doigté des sujets qui fâchent, quitte à se hurler dessus aux moments les moins opportuns. Un côté "méta" dont on se serait bien passé...

Szalinowski
4
Écrit par

Créée

le 5 juil. 2020

Critique lue 583 fois

Szalinowski

Écrit par

Critique lue 583 fois

D'autres avis sur Ewa

Ewa
Szalinowski
4

De la gueule, mais ni queue ni tête...

"Maman est une rescapée de la Shoah et toi, tu étais ici et tu baladais des filles sur ta moto". C'est quand j'ai entendu ce dialogue que je me suis dit qu'après un début plus que correct, Ewa...

le 5 juil. 2020

Du même critique

L'Empire contre-attaque
Szalinowski
10

Le film le plus humain de la saga

Empire strikes back contient ma scène préférée de toute la saga Star Wars. Non ce n'est pas l'apparition des quadripodes sur Hoth. Ce n'est pas non plus la grotte de Dagobah, ou Yoda qui soulève le...

le 26 mai 2015

15 j'aime

2

Babylon Berlin
Szalinowski
8

Guten Morgen Berlin, du kannst so schön schrecklich sein...

N'ayant jamais lu aucun des polars à succès de Volker Kutscher, je n'ai pourtant pas attendu la bande-annonce très réussie de ce qui était alors annoncé comme "la série allemande la plus chère et la...

le 11 avr. 2019

14 j'aime

Atlantique, latitude 41°
Szalinowski
8

Nearer My God To Thee

Je dois faire partie des trois péquenauds au monde (les deux autres étant mon huissier et mon chien) n'ayant jamais vu le Titanic de James Cameron. À l'époque, ni la perspective des effets spéciaux...

le 5 févr. 2021

13 j'aime

9