Le film souffre hélas de plusieurs défauts qui l'empêchent d'être un chef d'œuvre. Le casting est inégal et si Merlin et Morgane (Helen Mirren) sont très bons, le reste de la distribution va du transparent (Arthur, Perceval) au carrément mauvais (Lancelot) voir au ridicule (Mordred). L'emphase de certains dialogues et le côté abscons de certaines situations (notamment la quête du Graal) auraient sans doute pu être évités (En revanche, que les armures soient anachroniques n'a strictement aucune importance, c'est une légende que l'on n'illustre et non pas la reconstitution de la bataille d'Azincourt). Reste que cette reconstitution historique (qui n'en ai pas une, il n'y a rien à reconstituer) reste impressionnante, notamment au début avec une véritable galerie de face de brutes (des loubards incultes a qui ont aurait enfilé une armure…) qui se battent comme des chiffonniers… Évidemment après on nous fait tout une tirade sur l'idéal chevaleresque, bizarre quand même, d'autant qu'on nous montre qu'en dépit de leurs serments et de leurs grandes déclarations les chevaliers restent d'abords des hommes avec leur faiblesses (c'est bien le problème d'Arthur qui se veut roi avant d'être homme). Comme on le voit tout cela est assez confus et loin de nos préoccupations mais Boorman a d'abord voulu faire un spectacle, nous transcende tout ça, et de ce point de vue, force est de constater que c'est réussi, l'ambiance y est (malgré une baisse de régime aux deux tiers du film), on ne s'ennuie pas, l'utilisation des musiques de Wagner et de d'Orff est parfaite, et puis rendons grâce à Boorman de nous avoir épargné un duel interminable entre Arthur et Mordred. Ils s'entretuent en une minute et c'est bien ce qu'il convenait de faire. Un beau film malgré ses défauts.