Métro, c'est trop !
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le 19 avr. 2020
8 j'aime
Petit film danois totalement inédit mais proposé depuis peu sur Outbuster , Cutterhead de Rasmus Kloster Bro (presque l'anagramme de Klostro) est un film qui tire merveilleusement bien partie de son concept initial pourtant simplissime et son étouffant huis clos.
Le film raconte l'histoire de Rie une jeune journaliste qui vient faire le portrait d'ouvriers qui travaillent sous terre à la construction du métro de Copenhague. Lorsqu'un accident survient provoquant un incendie la jeune femme se retrouve prisonnière d'un sas de décompression avec deux ouvriers.
Dès les premières minutes le ton est donné, on suit cette journaliste qui s'enfonce dans les entrailles de la terre dont l’ascenseur indique Hell pour descendre; ensuite nous la suivrons dans un dédales de tuyaux, de conduits, de corridors étroits, dans lesquels l’obscurité, les bruits et la fumée commence déjà à opérer un lent sentiment d'oppression, et ce n'est que le début.... Pour la suite Rasmus Kloster Bro va appliquer à son film une implacable mécanique de tension qui finira par physiquement oppresser et perturber le spectateur lui même. Une fois la mécanique de la dramaturgie lancé le film vous prends aux tripes et ne vous lâche plus avec une redoutable efficacité. Le réalisateur sait jouer à merveille avec nos nerfs au point de nous rendre parfois insupportable le moindre bruit de respiration, de souffle ou de sirène. Le film s'appuie d'ailleurs sur un sound design redoutable qui fait vraiment regretter de ne pas pouvoir regarder le film en salle pour décupler l'effet immersif et se mettre un peu plus les nerfs en pelote lorsque l'action nous plonge dans l'obscurité. Le film est oppressant et intense, il permet de ressentir vraiment à quel point les personnages sont soumis à rude épreuve.
Au niveau des personnages justement le film a la très bonne idée de nous épargner des figures trop caricaturales de bons et de mauvais tout comme il nous épargne fort heureusement toute connotation sexuelle à la présence de cette femme soudainement en promiscuité avec des hommes dans un univers presque exclusivement masculin. Juste trois personnes bien ordinaires qui à mesure des événements pourront s'avérer être tour à tour calme et solidaires puis excédés et désespérés pour ensuite se révéler profondément égoïste lorsque l'instinct de survie prendra le pas sur toutes autres considérations humaines. Il faut donc saluer les trois rôles principaux avec Christine Sonderris , Samson Semere et surtout Kresimir Mikic dans le rôle d'Ivo un ouvrier froid et procédurier qui au final pourrait bien être le personnage le plus attachant du film. Sans rien appuyer lourdement le film aborde en filigrane des thèmes plus sociaux comme l'utilisation d'ouvriers détachés en Europe, la crise migratoire et nous remet surtout en pleine face cette idée que l'homme est un animal capable d'oublier toutes notions de civilité lorsqu'il s'agira de lutter pour sa propre survie.
Cutterhead est vraiment un très bon film, une véritable expérience de cinéma qui descend de plus en plus dans les tréfonds des instincts primaires de l'humanité à mesure que le film s'enfonce dans la noirceur de son récit.
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Créée
le 2 févr. 2020
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