Métro, c'est trop !
Résumons "Cutterhead" par une équation : "L'horreur de l'enfermement + la lutte des classes + l'homme (... et la femme, alors !) est un loup pour l'homme + l'illusion de l'Europe", le tout en 1h24...
Par
le 19 avr. 2020
8 j'aime
⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.
Avec The platform, Cutterhead n’est pas vraiment le genre de film à regarder en ce moment, en plein confinement. Mais t’as pas pu résister. Et puis le buzz qu’il a provoqué dans plusieurs festivals internationaux et les retours critiques plutôt encourageants ont évidemment piqué ta curiosité. Alors tu t’es lancé. Ça commence très simplement : Rie, jeune journaliste, descend très profond sous terre dans le gigantesque chantier du métro de Copenhague afin d’y réaliser le portrait des hommes employés, pour la plupart des étrangers immigrés ne parlant ni danois ni anglais, dans la partie la plus critique de l’ouvrage, la tête de forage (cutterhead en anglais). Sauf qu’un incident se produit, obligeant Rie à se réfugier dans un sas de décompression avec deux ouvriers, Ivo, un croate, et Bharan, un érythréen. Le cauchemar peut commencer.
Si le film ne brille pas par son originalité scénaristique (on pense forcément à Daylight, The descent, Buried, Tunnel…), Rasmus Kloster Bro offre en revanche une mise en scène brut de décoffrage s’adaptant parfaitement aux espaces exigus dans lesquels évoluent les personnages, et jusqu’à une forme d’abstraction esthétique dans les dernières minutes du film. Abstraction semblant les ramener à une forme d’essentialité, une acuité physique et primitive, une symbiose avec la Terre nourricière transformée en abîme boueux. Ici pas de monstres ni de tueurs fous : comme chez Cronenberg, l’horreur est intérieure (angoisse, panique, pulsions de violence…) avant de venir s’en prendre aux corps (chaleur, étouffement, épuisement…).
Kloster Bro joue également sur les différences sociales entre les trois protagonistes, mises en perspective dans le contexte d’une Europe faussement accueillante, à l’union illusoire face à la crise migratoire, même si ce point narratif, se voulant parabole politique qui fait sens, n’est pas le plus probant du film parce que traité trop sommairement. Le film se montre beaucoup plus efficace dans sa dimension survival virant à l’enfer claustrophobique où le genre humain ne résistera pas à ses instincts de survie exacerbés, pour finalement se retrouver comme seul au monde, face à sa mauvaise conscience, les yeux dans les yeux.
Créée
le 6 avr. 2020
Critique lue 1.3K fois
8 j'aime
D'autres avis sur Exit
Résumons "Cutterhead" par une équation : "L'horreur de l'enfermement + la lutte des classes + l'homme (... et la femme, alors !) est un loup pour l'homme + l'illusion de l'Europe", le tout en 1h24...
Par
le 19 avr. 2020
8 j'aime
Avec The platform, Cutterhead n’est pas vraiment le genre de film à regarder en ce moment, en plein confinement. Mais t’as pas pu résister. Et puis le buzz qu’il a provoqué dans plusieurs festivals...
Par
le 6 avr. 2020
8 j'aime
Cutterhead est un grand film sur le lien social entre les individus européens. Par son dispositif, il rassemble deux mondes qui normalement ne se rencontrent jamais : les ouvriers étrangers...
le 7 mars 2021
5 j'aime
Du même critique
Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...
Par
le 18 janv. 2017
182 j'aime
3
Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...
Par
le 19 oct. 2013
180 j'aime
43
En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...
Par
le 11 oct. 2015
162 j'aime
25