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Avec The platform, Cutterhead n’est pas vraiment le genre de film à regarder en ce moment, en plein confinement. Mais t’as pas pu résister. Et puis le buzz qu’il a provoqué dans plusieurs festivals internationaux et les retours critiques plutôt encourageants ont évidemment piqué ta curiosité. Alors tu t’es lancé. Ça commence très simplement : Rie, jeune journaliste, descend très profond sous terre dans le gigantesque chantier du métro de Copenhague afin d’y réaliser le portrait des hommes employés, pour la plupart des étrangers immigrés ne parlant ni danois ni anglais, dans la partie la plus critique de l’ouvrage, la tête de forage (cutterhead en anglais). Sauf qu’un incident se produit, obligeant Rie à se réfugier dans un sas de décompression avec deux ouvriers, Ivo, un croate, et Bharan, un érythréen. Le cauchemar peut commencer.


Si le film ne brille pas par son originalité scénaristique (on pense forcément à Daylight, The descent, Buried, Tunnel…), Rasmus Kloster Bro offre en revanche une mise en scène brut de décoffrage s’adaptant parfaitement aux espaces exigus dans lesquels évoluent les personnages, et jusqu’à une forme d’abstraction esthétique dans les dernières minutes du film. Abstraction semblant les ramener à une forme d’essentialité, une acuité physique et primitive, une symbiose avec la Terre nourricière transformée en abîme boueux. Ici pas de monstres ni de tueurs fous : comme chez Cronenberg, l’horreur est intérieure (angoisse, panique, pulsions de violence…) avant de venir s’en prendre aux corps (chaleur, étouffement, épuisement…).


Kloster Bro joue également sur les différences sociales entre les trois protagonistes, mises en perspective dans le contexte d’une Europe faussement accueillante, à l’union illusoire face à la crise migratoire, même si ce point narratif, se voulant parabole politique qui fait sens, n’est pas le plus probant du film parce que traité trop sommairement. Le film se montre beaucoup plus efficace dans sa dimension survival virant à l’enfer claustrophobique où le genre humain ne résistera pas à ses instincts de survie exacerbés, pour finalement se retrouver comme seul au monde, face à sa mauvaise conscience, les yeux dans les yeux.


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mymp
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le 6 avr. 2020

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