Plaies intérieures
Après Cecil B. DeMille, c'est au tour de Ridley Scott de s'attaquer à la vie de Moïse et notamment la façon dont il a conduit les hébreux hors d'Égypte et, de sa jeunesse comme prince jusqu'à...
le 26 déc. 2014
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Impressionnant ! Visuellement spectaculaire ! N’ayant pas lu la Bible pour des raisons qui me sont personnelles, j’en connais néanmoins les grands lignes. En connaissant le talent que Ridley Scott nous a montré à travers 1492, Christophe Colomb, et plus récemment Gladiator, j’étais assez impatient à voir sa nouvelle œuvre. Et c'est bien pour cette raison que je m'étais rendu en salle obscure.
Filmant l’épopée de Moïse de façon la plus réaliste possible, ce qui à mon sens ne pouvait en être autrement, j’ai été d’entrée stupéfait par la qualité de l’image. Mais cette qualité ne fait pas tout, nous sommes d’accord. Aussi je parlerai des décors très fastueux qui représentent bien le gigantisme de la civilisation égyptienne. Les costumes vont bien évidemment avec et finissent de nous en mettre plein la vue. J’ai dit "finissent" ? Oups ah mais non, j’oubliais les plans du cinéaste, tous sublimes, qu’ils soient aériens, panoramiques, ou encore plus serrés comme par exemple les portraits. Ainsi nous pouvons contempler à loisir les paysages, bien que le film ne contienne aucune scène tournée en Egypte, mais au Mexique, Espagne et Iles Canaries. Qu’à cela ne tienne, si on ne le sait pas, on ne s’en aperçoit pas et c’est là aussi toute la magie du cinéma, alors ne boudons pas notre plaisir, d’autant que la photographie est fabuleuse.
Côté scénario, rien de bien surprenant puisque nous avons là un film biblique. Si certains regrettent un manque d’action en regard de la bande annonce (ce que je peux éventuellement comprendre), je leur répondrai qu’en même temps cette histoire ne se prête pas vraiment à l’action. Pour autant, la bataille du début est spectaculaire, sans effusion de sang à outrance comme on a pu le remarquer sur des péplums modernes, je pense notamment à 300 : la naissance d’un empire. Non ici, la sobriété est de rigueur, comme une sorte de respect envers les écritures.
Pourtant, il semble que les scénaristes aient pris quelques libertés, mais je peux me tromper. En effet, rien n’indique qu'il ait été vraiment marié, la Bible utilisant explicitement le terme "mariage" pour parler de... mariage. Là, ce n’est pas le cas en ce qui concerne Moïse.
Ensuite les scènes finales montrent une mer qui se retire, ce qui correspond aux premiers mots énoncés dans L’exode 14. Mais il est écrit ceci :
"Moïse étendit sa main sur la mer. Et l'Éternel refoula la mer par un vent d'orient, qui souffla avec impétuosité toute la nuit ; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent".
Où a-t-on vu les eaux se fendre ? J’avais gardé un souvenir impérissable de Les dix commandements de Cecil B. DeMille. Et j’avoue que voir la mer se retirer sans qu'elle se partage en deux, ça manque ! D’autant plus que la Bible dit dans le verset suivant :
"Les enfants d'Israël entrèrent au milieu de la mer à sec, et les eaux formaient comme une muraille à leur droite et à leur gauche".
Non je n’ai toujours pas lu la Bible, mais on trouve tout sur Internet ! Lol !
Enfin pour finir, je déplore que Dieu apparaisse à Moïse de cette façon.
Sous les traits d’un enfant en messager.
Certains critiquent que Moïse circule plus à cheval qu’à pied, ce qui a suscité quelques polémiques. Pourquoi s’offusquer de cela alors que d’autres libertés ont été prises ? Moi je dis : "pourquoi pas ?" Après tout, Moïse était le Prince d’Egypte, qui plus est général des armées égyptiennes. Un général à pied, dans les faits, ça le fait moins; vous ne trouvez pas ? Mais ça, c'est un autre débat… Cela permet toutefois de désacraliser le héros pour le rendre plus humain, peut-être un chouia cruel, sans arriver toutefois à la cheville de la cruauté du pharaon Ramsès.
Sur une musique qui coïncide à la perfection à chacune des scènes, l’interprétation des deux acteurs principaux est propre et sans bavure. Christian Bale (Moïse) fait face cette fois à Joel Edgerton (Ramsès). Leur querelle est orchestrée d’un côté par le toujours excellent Ben Kingsley (Noun), et Ben Mendelsohn (Hegep) de l’autre. A noter l’étonnante prestation de John Turturro, excellent en Séthi, pharaon et père de Ramsès, ainsi que celle de Maria Valverde en Séphora. femme de Moïse.
Elle est particulièrement touchante quand elle retrouve son mari accompagné de son peuple.
En revanche, on remarque à peine la présence de Sigourney Weaver (Tuya, mère de Ramsès) malgré son costume imposant de richesses.
Quoiqu’il en soit, il en ressort une œuvre épique, spectaculaire, à la bande son soignée, une bande originale réussie et toujours en phase, une épopée formidable qui vous en met plein les yeux de par ses nombreuses qualités techniques, y compris les effets spéciaux dont je n’avais pas encore parlé, mais qui expriment toute leur étendue lors du déchaînement des éléments visant à faire abdiquer Ramsès, de l’effondrement de la montagne (attention aux amoureux des chevaux), ou du retour de la mer. D’ailleurs je ne comprends pas que Exodus : Gods and Kings n’ait bénéficié d’aucune nomination aux Oscars ou Golden Globes. Sa longueur (2h31) n’est pas un obstacle, surtout si on le compare aux 3h40 de la réalisation de Cecil B. DeMille. Si sa durée avait été plus courte, nul doute que l’impression du film bâclé aurait pris le dessus. Aussi je trouve sa note actuelle extrêmement sévère, mais cela prouve combien il est difficile de faire des remakes ou une relecture de films quand ceux-ci sont déjà extrêmement réussis. Et même nous pourrions nous poser la question suivante : était-il bien utile de mener ce projet ? Le fait est que je ne regrette absolument pas de l’avoir vu au cinéma.
Créée
le 10 oct. 2024
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