Un verset contre les films de merde n'aurait pas été de refus

Même si je ne me suis jamais attendu à voir un chef-d'œuvre, Exodus m'a toujours un minimum intrigué, ne serait-ce que parce que c'est Ridley Scott derrière la caméra… bien que la moitié des films qu'il a réalisés durant les années 2010 soient des nanars de luxe.

Autres raisons qui m'ont donnés envie de visionner le film : le fait que je viens de terminer Assassin's Creed Origins (sa seconde extension fait d'ailleurs référence à la bataille de Qadesh qu'on aperçoit lors de l'introduction du film) et le fait que je suis en train de lire l'Ancien Testament en ce moment.

Bref, pour ces raisons-là, le film m'intriguait. Est-ce qu'il est bon ? Vous vous en doutez que non.


Pour commencer, je ne vais pas m'étaler sur les classiques problèmes de logiques et de cohérences inhérents à ce genre de blockbuster (le fait qu'il faille expliquer au pharaon Séthi Ier le principe d'une prophétie ou que Ramsès II soit sur la ligne de front lors d'une bataille de chars par exemple) : c'est le genre d'erreurs-choix que l'on retrouve dans tous les films du genre.

Non, ce que je ne comprends pas, c'est le propos, l'objectif de Ridley Scott en réalisant ce film qui, je le précise, est dédié à son frère, Tony Scott (si j'étais d'humeur caustique, je dirais que le fait que ce soit un nanar est un bel hommage à sa cinématographie, mais même moi je trouve ça trop méchant).

Déjà, ce n'est clairement pas un long-métrage qui se veut fidèle au médium originel (donc exit les "ouai mais ce n'est pas comme ça c'est censé se passer"), pourquoi pas ?... en fait, on sent même que le film se veut plus anti que pro-religion : encore plus quand on sait que Steven Zaillan, l'un des trois scénaristes, est, tout comme Ridley Scott, non-croyant.

Sauf que je me suis demandé tout du long où Scott souhaitait m'emmener avec son truc.

Vers une explication scientifique de l'Exode ? Pas vraiment non, parce que, si le film peut expliquer rationnellement qui est Dieu, comment Moïse a "ouvert" la mer en deux et comment sont arrivées les premières plaies d'Égypte, il n'y a absolument aucune justification cohérente concernant la soudaine mort des premiers-nés.

Vers une démystification, une iconoclastisation des personnages ? Non plus, parce que, bien que Moïse ne soit pas autant iconisé, pas forcément présenté comme le héros présenté dans la Bible, il garde tout de même une certaine prestance, il reste LE sauveur des Israélites.

Bref, difficile de déceler un propos net et précis.


De surcroit, toujours concernant le scénario, certaines situations semblent expédiées. Ramsès II est beaucoup trop crédule, gobant tout ce que Hegep (interprété par un Ben Mendelsohn qui joue un méchant, pour changer) lui raconte sur Moïse sans remettre ses dires en question alors qu'il est censé avoir une relation quasi fraternelle avec ce dernier depuis de nombreuses années. Aussi, le film a subi des coupes et ça se ressent tant certaines situations sont expédiées : justement celles concernant la véritable identité de Moïse. Bref, il y a un gros problème de rythme. Dommage, j'aurais aimé visionner une version longue, je pense que ç'aurait pu apporter de la consistance, de la matière, concernant la relation entre Moïse et Ramsès notamment... parce qu'en l'occurrence, ce dernier semble surtout atteint d'un sévère trouble de la bipolarité.


J'apprécie cependant la manière dont Scott nous présente Dieu : sous les traits d'un enfant colérique, tueur d'enfants, qui veut "voir les Pharaons à genoux, supplier pour que ça cesse !". Peut-être le passage le plus croustillant du long-métrage.

Aussi, la scène dans laquelle le conseiller comic-relief, qui tente de justifier les plaies rationnellement, ainsi que la prêtresse, qui ne fait qu'invoquer les dieux afin qu'ils leur viennent en aide, se font finalement pendre par un Ramsès totalement dépité m'a quand même bien fait rire.

Mais ce n'est pas ça qui sauvera le film.


Enfin, le choix des acteurs est tout de même vachement critiquable. Aucun ne sort réellement du lot tant, n'est à sa place. À la limite, Ben Kingsley, et surtout Joel Edgerton (qui campe pourtant l'un des rôles les plus mal écrits du film) s'en sortent le mieux. Par contre, Christian Bale joue mal (pour changer), Aaron Paul n'est vraiment, mais alors vraiment, pas à sa place (sans déconner, j'aime bien cet acteur, mais pourquoi l'avoir casté dans le rôle de Josué ?) et John Turturro, qui a toutefois plus l'apparence "d'un juif" (les frères Coen ayant d'ailleurs joué là-dessus à plusieurs reprises), joue cependant Séthi Ier, un pharaon. Mention spéciale à Sigourney Weaver qui occupe moins de temps à l'écran que vous pour lire cette phrase.


Que reste-t-il alors ? Pas grand-chose si ce n'est, comme dit lors de l'introduction, un énième nanar de luxe comme a aimé nous les pondre Ridley Scott, principalement durant la première moitié des années 2010. À la rigueur, Exodus est un moins gros échec que Prometheus ou surtout, Robin des Bois... mais encore une fois, ça ne fait pas du film dont il est question ici un bon film, loin de là.

Cela dit, Exodus est une bonne raison, pour l'entourage de Scott, de ne pas se suicider... parce que franchement, si c'est pour avoir ce genre d'hommage…

Créée

le 11 sept. 2022

Modifiée

le 11 sept. 2022

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MacCAM

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