Dépression Labyrinthique

N'ayant actuellement vu que 2 oeuvres du cinéaste canadien Atom Egoyan, je ne pourrai pas vous donner une vision complètement juste du personnage et de son cinéma. En revanche Exotica est un film m'ayant suffisamment marqué que pour que je puisse vous en parler en quelques mots (ceci sera un avis rapide sur le sujet).

Egoyan nous offre ici un récit au parcours labyrinthique suivant peu à peu l'histoire de chacun de ses personnages. Chacun des ces êtres menottés par l'errance se retrouveront cependant en un point (faisant office de lieu) centrale : "L'Exotica", un night club à caractère sensuel/sexuel. Chaque personnage est détenteur d'un savoir faisant office de complémentarité avec les autres protagonistes que le cinéaste nous dépeint. Il est difficile d'en parler sans spoiler mais nous sommes là face à une direction et une écriture de personnages réussie en tout point de la part du réalisateur.

Nous-mêmes spectateurs sommes mené à errer avec les protagonistes ou antagoniste (selon les séquences nous sommes guidé à placer tel ou tel caractère dans une case péjorative ou non). Tout les chemins semblent cependant mener à l'Exotica, autant pour le spectateur que pour les personnages à l'écran. C'est le point centrale de toutes convergences du récit.
C'est à l'acteur Bruce Greenwood que revient ici la palme - tout le métrage s'articulant peu à peu principalement autour de lui et son passé - il nous offre un jeu parfait et démontre son immense talent (si quelque-chose était encore à prouver de sa part du moins). Probablement l'une des meilleures prestation filmique du comédien.

Exotica offre une ambiance hors du commun. Que cela soit à travers ses décors somptueux, son onirisme, sa narration ou ses personnages, Egoyan assure un rôle d'hypnotiseur. Impossible de détourner les yeux de l'écran. Les pièces d'un puzzle se complètent peu à peu et nous forcent nous, spectateurs de cinéma, à admettre notre côté voyeur. A la façon d'un Alfred Hitchcock dans son Fenêtre sur cour, Atom Egoyan critique notre voyeurisme et notre curiosité à vouloir tout savoir des histoires des autres. La sensualité en tant que concept mais aussi en tant que séquences filmiques servent également à justifier cette critique.
L'être humain est un voyeur et cela le Cinéma l'a parfaitement compris. Les personnages eux-mêmes, entre-eux, sont adeptes du voyeurisme volontaire ou non.

Rarement une oeuvre cinématographique comme celle-ci auront pour effet de créer une telle atmosphère et de questionner le spectateur face à sa place vis-à-vis d'une oeuvre. Dans Exotica le spectateur est acteur, il est l'un de ces figurants dans le champ se retrouvant quelque-part dans la même situation que ces personnage. Il est lui-même visiteur du fameux night club. Le lieu justifie à lui seul le visionnage du métrage tant le réalisateur a compris comment le filmer et en faire un lieu vivant pour ses différents protagonistes.

A mon sens Egoyan nous a offert un chef d'oeuvre malheureusement relativement méconnu. De la mise en scène à la narration aux décors, il ne fait aucun doute que le cinéaste nous a offert un chef d'oeuvre inimitable. Un très grand film selon moi qui est l'une des oeuvres les plus oniriques et questionnantes pour le spectateur que j'ai pu voir.