Expelled from Paradise
6.6
Expelled from Paradise

Long-métrage d'animation de Seiji Mizushima (2014)

Après une longue période de gestation (près de 5 ans!), Expelled From Paradise, le premier film en Full Cell-CGI de Toei Animation est sortit.


Non content d’innover du point de vue de la forme, il peut également se venter d'être le premier long métrage d'animation original produit par le studio en plus de 40 ans ! Mais c'est sans doute la combinaison de toutes ces raisons qui ont amener le film à sortir dans un nombre ridicule de salles (13 en tout et pour tout) pour une durée de moins d'un mois à peine.
Et pourtant, à la surprise générale, les quelques rares cinémas ayant programmé le film ont fait salles combles à sa sortie Au même moment, les pré-commandes du blu-ray s'envolèrent, obligeant Aniplex à augmenter le nombre de copies pressées de 10.000 à 30.000 unités. Mais cela n'empêche malgré tout pas le film de se retrouver sold out au moment où j'écris ces lignes, et ce même après un réapprovisionnement avant-hier.


Tout cela pour bien exposer à quel point le succès de ce film a pris au dépourvu le petit monde la japanime. Je ne serait pas étonné si quelques producteurs de la Toei et d'Aniplex ne se mordaient pas les doigts de ne pas l'avoir vu venir; et d'avoir donné plus d'exposition en salle à l’œuvre.
D'un autre côté, et même si le film a certainement gagné beaucoup de couverture grâce à son script écrit par Gen Urobuchi (Madoka Magica, Psycho-Pass) et sa mise en scène signée Mizushima Seiji (Full Metal Alchemist, Gundam 00), il aurait été difficile de prévoir un tel engouement dans une industrie ou les productions originales pour le cinéma sont le plus souvent condamnée à l’échec commercial si le réalisateur ne se nomme pas Miyazaki ou Hosoda.


Quant au film en lui-même, après avoir attendu tant de temps et placé pas mal d’espoirs dans sa réussite, je suis satisfait de constater que le produit final, s’il n’est pas parfait, ne m’a pas déçu.


Lorsque le "Nano Hazard" anéantit la Terre, une large majorité de terriens décide d’abandonner la planète en ruine ainsi que leurs enveloppes corporelles pour reconstruire une nouvelle forme de société en numérisant leurs esprits au sein de l'univers virtuel appelé DEVA.
En l’an 2400, les autorités de DEVA détectent une tentative d’intrusion dans son système central , dont ils parviennent à identifier la source : elle serait l’œuvre de Frontier Setter, un hacker provenant de la Terre.
Pour enquêter sur les motivations de ce mystérieux pirate, les hauts fonctionnaires de DEVA envoient l’agent de sécurité Angela Balzac sur Terre équipée d'un corps cybernétique. Sur place, Angela entre en contact avec l’agent local Dingo. Mais la nature a repris le dessus sur cette planète abandonnée et très vite l’équipe doit faire face à de nombreux obstacles.
Angela et Dingo réussiront-ils à retrouver Frontier Setter sur cette planète dévastée?


Mon opinion concernant Urobuchi a été en constante fluctuation depuis son gros hit (et meilleur taf selon moi), Madoka Magica, lui ayant permis de rentrer dans le petit cercle très fermé des scénaristes d’animes dont on se souvient du nom. D’ailleurs, si je continue encore maintenant à lui accorder beaucoup de mon attention malgré des productions mitigées, c’est en majeure partie car pour tous les défauts que je leurs attache, ses scripts possèdent la sorte d’ambition que je souhaite voir dans une production si elle veut se prétendre sérieuse.
Et si ce n’est clairement pas avec ce film que je vais croire que Urobuchi puisse encore écrire dans le futur une œuvre aussi poignante que Madoka Magica, il m’a convaincu que je n’était pas idiot d’espérer.
Si au niveau de la forme, les problèmes liés à Urobuchi sont toujours bien présents – comme l’utilisation abusive de dialogue d’exposition explicitant un peu trop les thèmes de son histoire, ou encore la sensation nette qu’il se débat avec le format cinématographique au prix du rythme – on retrouve une certaine pureté dans les thèmes abordés et la cohérence avec laquelle ils sont traités, que ses précédentes collaborations n’avaient pas pu permettre (l’un des grands défauts de Urobuchi est d’être entouré d’écrivains médiocres). Les échanges de points de vue en gagnent énormément en clarté et offrent une nouvelle fois une vision nuancé de problématiques liées aux idéaux façonnant l’évolution des êtres humains.
Côté personnages, le long s’en tire honorablement. Si je pense qu’aucun d’eux ne va laisser une marque impérissable dans ma mémoire, la faute à un traitement bien trop en surface, ils ont au moins le mérite d’être basé sur des stéréotypes que j’apprécie, et puis Angela est bien en chair, et ce n’est certainement pas un défaut.


Maintenant passons à l’éléphant au milieu de la pièce que sont la technique et la mise en scène.
Je ne pense pas m’avancer en disant que c’est un sujet quelque peu sensible. Après tout, l’animation 2D c’est vu de plus en plus marginalisée en occident, au point que tous les longs métrages populaires produit aujourd’hui ont abandonné la technique au profit de la 3D. Seulement au japon trouvons-nous encore une majorité de production faisant usage de la sacro-sainte animation traditionnelle, il n’est donc pas étonnant de voir une certaine résistance quand pointe un projet souhaitant retrouver un aspect 2D dans son imagerie numérique. Un cheval de Troie futuriste pour entrer dans le cœur des fidèles et souillé l’amour qu’ils vouent à la VRAIE animation je vous le dis !!! (Vous trouvez que j’en fais trop ? Moi aussi.)
Bref parlons du rendu. Et bien il est en nette progrès, je ne pense personnellement pas que le Cell-CGI - comme le nomme les producteurs du film - arrivera un jour à recréer la texture de véritable dessins animés à la main, mais si l’on poursuis dans cette direction, on arrivera probablement à un rendu hybride du plus bel effet qui viendra s’ajouter dans la grande famille des techniques d’animation déjà utilisées.
Ça reste encore perfectible. Selon l’angle, difficile de ne pas se dire que les persos reviennent de la vallée de l’étrange. Mais durant la majeure partie de la projection, je n’ai pas été dérangé par les origines numériques des images devants moi. Pour tout vous dire, je trouve que l’animation contient même un certain charme, similaire à celui que l’on peut éprouver pour les vieilles séries au rendu granuleux, signe d’une technique encore en évolution mais pleine de promesses.
La direction artistique est quant à elle de bonne facture, j’apprécie bien les détails portés à la technologie, que ce soit dans le monde réel ou dans le cyberspace. Il y a un peut de fanservice, - particulièrement un niveau du chara-design d’Angela, dont la mise en scène manque rarement de mettre en évidence les formes – mais rien de trop salasse ou déplacé. Pas grand-chose d’autre à dire sinon.


Mais là technique brille de mille feu, c’est bien durant les scènes d’actions. Dynamiques, et franchement excitantes, elles ne pêchent finalement que par leur faible nombre.
Dommage, surtout que la participation de Tomoki Kyoda (réalisateur de Eureka Seven) s'y fait clairement sentir, avec une caméra très mobile tout en restant lisible.


Voila à peu prêt tout ce que j’ai trouvé à dire juste après le visionnage du film. La bande-son ne m’a pas marqué, comme souvent, je ne l’ai donc pas mentionnée.
En bref, un film fort sympathique, avec ce qu’il faut de caractère pour ne pas tomber dans l’oubli de sitôt. Recommandé de bon cœur.
Personnellement, je suis content qu’Urobuchi continue à rencontrer du succès, et que ses projets ambitieux, si perfectibles soient-ils, continuent d'être produit. L’industrie en a bien besoin.

Dominus41
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le 1 févr. 2015

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Dominus41

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