Il y n'a probablement aucun artiste rattaché à l'animation japonaise que j'admire autant en ce moment que Gen Urobuchi. Aussi controversé soit-il, ce scénariste passé de l'industrie du visual novel à l'animation n'a cessé au fil des ans de me convaincre du talent et de l'authentique passion qui animent son œuvre, et Thunderbolt Fantasy en est peut-être le plus bel exemple.
Pour la petite histoire, le désire de faire cette série est venu à Urobuchi après une visite à Taïwan en 2014. Après y avoir découvert et être tombé sous le charme des marionnettes locales et des programmes de télé les mettant en scène, il a de suite décidé de créer sa propre série afin de partager son enthousiasme. Il s'avère que le studio PILI, qui produit ces programmes depuis plus de 30 ans à Taïwan était intéressé également par l'idée de travailler avec lui, et le reste appartient à l’histoire.
En bref Urobuchi est un bon gros fanboy des familles et qu'il soit capable de mener à bien ce genre de projets fous me fait l'aimer encore plus.
C'est bien beau tout ça, mais de quoi ça parle Thunderbolt Fantasy ?
L'intrigue prend place dans un univers fantastique inspiré de la Chine ancienne. On y suit un groupe d’aventuriers aux agendas divers tentant d’empêcher qu'une épée légendaire ne tombe entre les mains d'un sombre seigneur.
Je vous ai épargné les nom propre, car d'une part j'ai un mal de chien à les retenir, et d'autre part je pense que cette forme reflète assez bien la simplicité de l'intrigue.
Simple, oui mais pas simpliste. Le pitch de base a beau être éculé, c'est dans son exécution des codes du genre que l'écriture brille vraiment.
Par exemple, Urobuchi introduit une galerie de personnages constitués de traits familiers au Wuxia, mais les dépeint avec un théâtralisme et un sens du bon mot qui fait mouche pour chacun d'entre eux. Du sabreur vagabond, au jeune naïf au grand cœur, en passant par le manipulateur excentrique, tous sont instantanément identifiable et appréciable.
Mais ce n'est pas comme si l'historie ne proposait pas son lot de rebondissements et autres retournements de situation, elle sait bousculer périodiquement sa dynamique.
Et puis que serait un projet d'Urobuchi sans les motifs qui caractérisent son œuvre. Sur ce point, la grande qualité de Thunderbolt est justement dans la retenue dont la série fait preuve, que ce soit dans son bagage thématique ou son inclusion dans le récit. L'ambition ici n'est pas de fournir une exploration dense des thèmes abordés comme ça pouvait être le cas dans Madoka ou Psycho-Pass (j'en entend déjà ricaner, mais qu'importe), mais simplement de les faire raisonner avec le genre. Que ce soit l'importance des titres/renommées et l'hypocrisie qui y est souvent attaché, ou le poids d'un héritage, la série parvient à explorer ses idée sans donner l'impression de pontifier inutilement ou de ne jamais vraiment les adresser. C'est tout juste assez pour élever un peu le matos de base, tout en restant accessible au néophyte (un peu comme moi, dont l'exposition au Wuxia était auparavant limitée).
Mais bien sûr je n'ai pas encore évoqué l'éléphant dans la salle, les marionnettes. Qu'on considère cet art comme de l'animation ou non, il est indéniable qu'il n'est pas très commun que ce genre de production parviennent jusque chez nous (et même au japon, d'où la démarche d'Urobuchi). Mais mon dieu qu'est-ce que c'est beau/génial/trop cool/super-bien-fait-de-la-mort !
Il s'agit plus précisément de marionnettes à gaine assistée par des câbles, effets pyrotechnique, et des images de synthèses. On se croirait dans un véritable mini-tokusatsu et c'est formidable de constater à quel point une technique aussi ancienne peut être à ce point remise au goût du jour quand on souhaite réellement faire vivre la culture et pas juste l'enfermer dans un musée.
Et je n'ai même pas mentionné le dynamisme du montage et de la caméra, la direction artistique ultra-chiadée ou encore l'excellente interprétation des doubleurs japonais qui font honneurs à leur statu de vétérans du milieu.
Même la bande-son composée par Hiroyuki Sawano (dont je n'apprécie pas particulièrement le travail) s'est révélée pas mauvaise du tout.
Bon il reste quelques défauts même si franchement je me passerais bien de les mentionner tant ils sont anecdotique, je vais donc le faire rapidement : L'OST aurait gagner a avoir plus de morceaux, le montage est parfois un peu trop rapide, le premier tier est un poil lent par apport au reste.
Voila c'est tout, j’arrête parce que ça me fait du mal de critiquer cette série tant je l'aime d'amour !
Ces derniers temps il en faut beaucoup pour me résoudre à écrire plus de 2 lignes d'affilées (la dépression ça craint!), l’existence même de cette critique est donc un testament de l'impact que Thunderbolt Fantasy a eu sur moi. Et dire que je suis aux anges après l'annonce d'une seconde saison est un euphémisme !
Donc ouai, allez-y c'est de la bonne !
En plus vous pouvez trouver la série facilement en français sur Crunchyroll (gratuit) ou Wakanim (payant).