Thunderbolt Fantasy par Skidda

Si on m’avait dit que l’une de mes expérience les plus hypes de 2016 serait un spectacle de marionnettes...

Bon d’accord, Thunderbolt Fantasy n’est pas exactement similaire au Muppet Show ou au Manège Enchanté. En réalité, cette série fait partie du genre appelé wuxia, qui dans ce contexte met en scène l’histoire d’aventuriers dans un cadre d’extrême-orient mythique où se côtoient magiciens, démons et maîtres d'arts martiaux.

Ce type de série provient plus spécifiquement de Taïwan où il connaît un grand succès. Comment Thunderbolt Fantasy s’est-il retrouvée sur des sites de diffusion d’animes japonais ? Gen Urobuchi, que l’on connaît surtout en tant que scénariste d’animes/visual-novel, en est la principale raison. En 2014, il assiste à Taïwan à une exposition de Pili, la boîte de référence en matière de wuxia-marionnettes, qui lui fait forte impression. Par la suite, la société Pili et Urobuchi entrent plus directement en contact et décident ensemble de lancer un projet, avec l’aide de Nitroplus notamment, visant plus particulièrement à introduire le genre auprès du public japonais, et plus indirectement auprès du public occidental.

Le résultat du projet Thunderbolt Fantasy est un wuxia très accessible et d'excellente facture. Grâce à l’expertise du studio Pili, il est difficile de réaliser que nous avons affaire à des poupées manipulées par des personnes. Il y a de quoi être admiratif devant l’ingéniosité déployée pour rendre le tout vivant et dynamique, que ce soit dans les angles de caméras, les jeux de lumière, les décors finement réalisés, les nombreux effets spéciaux, digitaux mais aussi plus artisanaux, etc.

Bien sûr, la présence des marionnettes reste une particularité de Thunderbolt Fantasy. Pour certains, elles représenteront une touche d’originalité rafraîchissante mais elles pourront tout aussi bien être la raison d’un rejet irraisonné pour d’autres. Pour ma part, j’ai été sensible à leur performance et je pense qu’il est facile d’apprécier les modèles détaillés des marionnettes ainsi que la qualité de leur maniement, indispensable pour rendre les personnages expressifs.

Une autre particularité de la série est la présence de la langue chinoise (ou la variante Minnan je suppose). En effet, bien que nous ayons accès à des sous-titres français et à un doublage japonais, les noms propres taïwanais ainsi que des poèmes traditionnels ont échappé à la traduction, ce qui rend notamment la mémorisation des personnages assez difficile et j’ai personnellement préféré utiliser des surnoms pour mieux me repérer (ex: Archer, Lancer, Gilgamesh 2.0).

L’un dans l’autre, Thunderbolt Fantasy n’est pas tellement différent d’un anime d’action : à côté d’un opening typique, on retrouve les techniques spéciales, des combats musclés, un ou deux twists et des personnages badass. On pourrait aussi comparer Thunderbolt Fantasy à une aventure de type Donjon et Dragon, avec un groupe composé d’archétypes variés : le guerrier neutre-bon, le fieffé voleur pur neutre, le sorcier chaotique-mauvais, ... Oui, il y a dans cette série un relent de classicisme rpg qui pourra plaire aux nerds.

L’histoire est également très classique. Ici, Urobuchi a explicitement cherché à proposer une histoire wuxia traditionnelle et accessible. Cette ambition rend Thunderbolt Fantasy d’autant plus réussi qu’il ne se perd pas en philosophie ou en trame alambiquée. Au contraire, le scénario est exécuté sans accrocs, avec des personnages simples mais aptes dans leur rôle et des dialogues qui s’avèrent plaisants sans trop tomber dans le verbiage. L’épisode 5, bourré de fine rhétorique dont Urobuchi a le secret, est l’un de mes préférés. Si on ajoute à cela un ton relativement léger et des touches d’humour ponctuelles, malgré un univers fort sombre au demeurant, Thunderbolt Fantasy a toute la saveur d’un divertissement à la fois décomplexé et élégant.

En conclusion, Thunderbolt Fantasy est une oeuvre qui mérite vraiment le détour. Derrière la nature sophistiquée de l’art des marionnettes se cache une série très cool. Pour ceux comme moi qui n’en auraient pas eu assez, un film prequel est déjà sorti début décembre 2017 et une deuxième saison est d’ores et déjà prévue.