Expendables 4
3.4
Expendables 4

Film de Scott Waugh (2023)

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Plus longue et plus dure sera la chute !

La fin de carrière de ce bon vieux Sly est une très longue et très rude pente descendante.

Elle ne peut que peiner tous ceux qui ont grandi avec sa filmo sous stéroïdes (ROCKY, RAMBO, JUDGE DREED, DEMOLITION MAN...), espéré en l'acteur quand celui-ci se fendait de quelques incursions dans le cinéma d'auteur (LES FAUCONS DE LA NUIT, COPLAND), montrant que derrière le musculeux bourrin pouvait se cacher un véritable artiste polyvalent. Y compris dans sa quarantaine, Stalonne avait su obtenir quelques succès d'estime (ASSASSINS, L'EXPERT, DAYLIGHT).

2012 aurait du être la bonne année pour tirer sa révérence. Après un joli ROCKY BALBOA (2006), l'excellent et brutal épilogue JOHN RAMBO (2008), l'initiative jouissive et régressive THE EXPENDABLES (2010), la sortie aurait été belle avec la suite (et nous aurions aimé dire, la fin) THE EXPENDABLES 2 (2012), où Stallonne démolit un impeccable Van Damme, avec tous les caméos attendus, dont celui du mythique Chuck Norris. La boucle était bouclée, tous les anciens des décennies 70s et 80s avaient pris leur ticket pour faire un dernier barroud d'honneur.

La suite, hormis un CREED (2015) émotionnellement réussi, une agonie sans fin. DU PLOMB DANS LA TETE ( 2012), raté. MATCH RETOUR (2013), personne ne s'en souvient. BAD LUCK (2015), pis encore, anonyme. La suite de CREED (2018), c'est l'éviction du créateur par son successeur, sans les honneurs. Les trois EVASIONS (2013, 2018, 2019), dispensables. Nanar sympathiquement fauché au début, abruti et laid pour les suites. enfin, l'ultime affront à tout son glorieux passé, le dernier RAMBO, inutile avec la très bonne fin du précédent, d'une nullité crasse et fainéante, d'un racisme larvé à l'inverse de la psychologie du personnage.

Je ne parlerai pas des séries, TULSA KING (2022), après un pilote alléchant, on sent que la vieille carcasse n'a plus l'énergie, c'est mou. Le SAMARITAIN (2022) est indigne.

Un fil conducteur, des productions de plus en plus sales, mal fichues, des FX à vomir. Seul bonheur, l'excellent doublage de Shark dans THE SUICIDE SQUAD (2021), à tomber à la renverse, de rire. Pour le reste c'est d'une faiblesse qui fait mal.

Alors pourquoi cette longue digression pour aborder le sujet du jour, THE EXPENDABLES 4 ? parce que j'ai passé plus de temps et mis plus de cœur dans ces cinq précédents paragraphes que Sly n'en a accordé à son film. C'est une daube indigente, d'une laideur rare. La scène d'ouverture, toute d'incrustations ratées, de missiles qu'on croiraient grattés à même la pellicule comme il y a 40 ans, avec cet hélicoptère modélisé comme sur une Playstation de première génération, a elle seule m'a fait honte pour tout le métrage.

Si je garde ma profonde sympathie et le respect pour des artistes martiaux comme Iko Uwais, Tony Jaa ou Dolph Lundgren, qui, par ailleurs, ont su montrer un talent d'acteur ces dernières années (MERANTEAU pour Uwais, ou SKIN TRADE pour Tony Jaa et le géant suédois, plus anciennement THE MECHANIK pour Lundgren par ailleurs réalisateur crédible), je ne peux pas cautionner un tel massacre. c'est un téléfilm, un pur DTV avec des effets dignes des productions Sci-Fi voire Asylum du début des années 2000. Le tout sans une once de scénario, un métrage tout juste bon à utiliser Jason Statham comme mannequin principal de cette vitrine vide. Un véritable cimetière du cinéma d'action.

Allez sauvons quelques images sympa d'une moto custom et une musique redneck fort sympathique, mais pour y gagner quoi ? Des plans de vue sans aucune originalité (l'effet Judas lors de l'arrivée de Barney chez Christmas est particulièrement moche), un casting de nouvelles stars réduit à sa plus triste expression (où est seagal, où sont les Jacky Chan, les Cynthia Rothrock, voire en tapant dans les fonds de tiroirs, les Michael dudikoff, sasha mitchell ...), et puis c'est quoi ce traitement des femmes dans la franchise. Après avoir introduit opportunément Ronda Roussey, on fait de Megan Fox (qui n'est pas une star d'action) une chose servile et bête, un corps sans esprit, juste bonne à faire saliver les vieux ados célibataires.

En fait Stallonne et la production se sont juste rendus compte que les bons artistes martials, légendaires chez eux (on mettra Iko Uwais de coté car lui a encore beaucoup de valeur alors que Tony Jaa glisse doucement vers la fin) comme les donnie Yen, les Nicholas Tse, Collin Chou, sont chers et ne souhaitent pas se vautrer dans un truc semblable. Les Keanu Reeves, Michelle Yeoh tournent encore comme premiers rôles, et donc sont hors d'atteinte. Puis il y a ceux qui ont une éthique, ou ceux que l'on a déjà tué sans exploiter tout leur potentiel (bonjour SCott Adkins). On ne leur en voudra pas d'avoir échappé à ce sommet de lourdeur et d'humour malaisant. JUDGE DREED c'est du Rousseau (le Philosophe, pas l'hystérique) à coté.

Coté réalisateur c'était trop dur avec 100 millions de budget (raison n°1 de mon jugement sévère) de débaucher un Wilson Yip ou un Gareth Ewans, plutôt que de prendre un tâcheron pareil !? Aucune idée de mise en scène, pas de tension palpable, c'est mal joué et totalement figé. Même Andy Garcia fait peine à voir, tantôt il cabotine (la fausse exécution après la capture sur le bateau), tantôt il est plat (le briefing avant mission), tantôt il est vulgaire (la scène du bar au début, une honte pour cet acteur).


D'ailleurs c'est une constante dans le film qui souscrit à trois critères cardinaux du navet d'action: Éclairage merdique, humour beauf, et vulgarité de chaque instant.


Après nous avoir déçu avec un troisième opus mièvre et sans personnalité, Stallonne finit de détruire sa fin de carrière en éteignant la rare franchise qui l'aura porté sur le tard, et qu'il aurait du clore bien en amont, tout comme sa carrière, avant de la ternir irrémédiablement.

MISE A JOUR: il semblerait que Stallonne ait été en désaccord sur bien des aspects de ce film avec la production. Il aurait donc été quelque peu écarté du processus créatif donnant ce rendu très fuyant du métrage. Cela expliquant qu'il ne soit si à l'écriture, ni à la réal, ni à la production, ce qui, d'ordinaire, est au moins un point sur lequel il ne transige pas. Si cela se confirme alors cela en dit long sur la fin de carrière de Sly qui peu à peu se fait évincer de tous ses projets.

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le 18 oct. 2023

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