Quand Stallone a écrit le scénario et les dialogues de Rambo 2 la mission, il évoquait le rôle d'un expendable, c'est à dire un gars remplaçable ou dispensable, on l'entend lors de la longue scène du bateau quand Rambo se livre à Co Bao qui l'interroge sur son parcours. Stallone a retenu l'idée qu'il a mixée avec une base de concept d'un film avorté qu'il devait faire, une adaptation d'un comics violent de guerre, "Sergent Rock", et voila comment sont nés les Expendables !
L'autre objectif de Sly était de rendre hommage aux films d'action des années 80-90, décennies qui ont vu fleurir ce genre hybride en offrant des productions pleines de testostérone, je m'en nourrissais goulument à cette époque, j'ai pas honte de le dire. Et donc, mon Sly a réussi son coup, on en rêvait, il l'a fait : réunir dans un même film les grands héros du film d'action de ces époques nostalgiques qui ne se prenaient pas au sérieux comme c'est le cas dans les films d'action plus récents. Ici, c'est de l'adrénaline pure, du 100% fun, et du brut de décoffrage sans se poser trop de questions.
Quand on voit l'affiche, on s'aperçoit qu'il y a quand même outre notre bon vieux Sly, Jet Li, Dolph Lundgren, et quelques nouveaux dans le genre comme Terry Crews, Randy Couture et Jason Statham, sans oublier Mickey Rourke qui vient entre 2 scènes de fusillades, jouer une jolie scène à l'émotion et à la nostalgie avec son poto Stallone. Mais le gros coup réussi par Sly, c'est la réunion unique pour la première fois de Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger et de lui-même dans la scène de l'église ; une petite scène qui n'a l'air de rien et assez courte, qui n'est peut-être pas assez réussie à mon goût (Stallone explique dans les bonus du DVD qu'il n'avait pas eu trop le temps pour écrire de bons dialogues), c'est vrai que je l'aurais préférée plus affutée cette scène, mais bon, voir les 3 plus grands actioners de mes jeunes années ensemble dans un même plan, c'était quelque chose d'indescriptible, d'unique, de surréaliste, bref les petits jeunes d'aujourd'hui ne se rendent pas compte et ne peuvent comprendre ce que ça représente pour des gars de ma génération qui adulions ces 3 mecs dans leurs films respectifs, avec chacun leur style propre.
Sorti de ça, comme je l'ai dit, les commentaires du DVD sont instructifs car Sly dévoile beaucoup de détails : il coiffait plusieurs casquettes (scénario, réalisation, production) et ne pouvait pas tout gérer comme il l'aurait voulu, sans compter les fights avec un sidekick balaise qui l'a un peu laissé sur le carreau et à l'hôpital. C'est pourquoi plusieurs aspects du film semblent un peu limite et par endroits approximatifs, d'où le fait qu'il déléguera la casquette de réalisateur à Simon West pour Expendables 2. Le scénario n'est pas mauvais en soi, mais il est archi classique et un peu trop vu dans de multiples téléfilms de 3ème zone vus sur NRJ12 ou SyFy... il est certain que Sly aurait préféré une option plus originale, mais il a été embringué dans un projet énorme qui demandait une bonne dose de volonté, sans compter qu'il devait jongler avec les emplois du temps de ses stars-partenaires qui tournaient presque en même temps d'autres films, et donc tourner vite leurs scènes pour les libérer, ce fut le cas pour Jet Li, qui disparait au milieu du film, pour Bruce Willis, et pour Dolph Lundgren ; quant à Schwarzy, s'il a pu faire plaisir à son vieux pote Sly, c'est qu'il venait juste de finir son mandat de gouverneur de Californie, il ne fait donc qu'une apparition brève mais remarquée, c'est d'ailleurs grâce à ce film qu'il allait entamer un retour à l'écran en retrouvant sa place avec des rôles adaptés à son âge.
On pourra certes relever une tonne de clichés qui vont de pair avec ce scénario banal, comme les méchants qui sont des caricatures outrancières, notamment le rôle d'Eric Roberts (que Sly retrouve après le Spécialiste) qui ne donne aucune nuance à son personnage, mais honnêtement, je m'en fous un peu, tellement le film procure du plaisir à voir cette équipe de gros bras péter des gueules et des nuques ou faire exploser des baraques, avec en plus un humour bien stallonien, des clins d'oeil et des vannes sympas, ils sont tous attachants, ont tous des particularités et on sent une belle complicité entre eux. Profitons du spectacle, qui sera nettement plus relevé dans le film suivant.

Ugly

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