Plongée au tréfond de l'ennui

Après ses deux sombres polars "Goldstone" et "Mystery road" sur fond d'Australie raciste et qui se sont montrés de très bonne facture et assez passionnants, on pouvait attendre de Ivan Sen bien plus convainquant. Ici on est de suite plongé dans le cliché, l'ennui, le désœuvrement, en somme, c'est la débandade.

Le frère de Sookie Stakhouse, vous savez, la petite star de True Blood qui avait un frère: Jason, pataud, changeant de psychologie et de camps tous les trois épisodes, celui-là même tient ici le premier rôle: Jack, un rôle bougon, tristounet, tel qu'il fait la tronche et se montre mutique en toutes circonstances. Le voilà qui s'amourache d'une jolie vietnamienne à grande-bouche, la suit jusqu'à son travail, une sorte de peep-show où elle se contente de chanter pour un client anonyme et invisible. C'est lui et il est irrémédiablement séduit, il tourne en boucle et l'invite.

On a droit depuis le début à la voix off de Jack qui nous raconte son job de tueur et comment il est à coté de ses pompes; et cette voix-off à la limite du chuchotement est filtrée pour nous mettre en avant les basses. À fond les basses pour plus de gravité et grande mollesse dans le ton et les propos. Au final, c'est surtout pompier et met en évidence que le protagoniste n'a rien d'attachant.

Pour mettre un peu de lumière sur l'affaire, nous retrouvons l'agent Smith (Hugo Weaving) en vieux scientifique qui sait le pourquoi du comment Jack est un foutu sociopathe, pourquoi il se tape des crises qui le clouent au sol. Enfant, il a servi de cobaye ogm et vit sans sérotonine. Mais rien n'est fracassant, et ça se traîne et ça se traîne...

Amourette d'un soir et ciao, madame est re-partie au pays pour nous rajouter une dernière couche de cliché bien gluant entre le happy-end et "faut-il ?".
Ce film m'a l'air d'une extrême maladresse dans sa forme et ses propos alors que le sujet de base a un potentiel à se raconter intelligemment et en plus, il y a l'ennui, tout l'ennui...