¡ Julia folla con Julio !
Extraterrestre on en savait pas grand-chose, si ce n'est que son titre était évocateur, et son affiche nous montrait un ovni, en plus d'un couple, dont l'un cachant une balle de tennis dans son dos, soutenu par une tagline attisant encore plus la curiosité « he is hiding something ». Le genre était cependant clairement annoncé, comédie et science-fiction, mais si c'est ce dernier qui vous intéresse, la « déception » risque d'être amère, car hormis deux ou trois plans de l'ovni, aucun extraterrestre ne nous est montré, ni même un semblant de soupçon du pourquoi ils ont débarqué. Le tout n'est en fait qu'un malicieux tour de passe-passe pour nous offrir une comédie vaudevillienne regorgeant d'humour autant que de romance. Des genres hétérogènes qui se marient pourtant très bien, à l'inverse de ses protagonistes, trois abeilles gravitant autour de leur reine, belle au point de tous les rendre un peu fou et faire ressortir à la fois le meilleur comme le pire d'eux-mêmes. Nos iconoclastes se tirent donc dans les pattes, tous plus ou moins à leur façon, les accalmies reviennent, et puis toujours grâce à de délicieuses pirouettes, le réalisateur et scénariste Nacho Vigalondo relance sans cesse la machine pour que quiproquos, rires et instants romantiques s'enchaînent afin de ne pas laisser le moindre répit à ses spectateurs.
En somme, si déception il y a sur le plan fantastique, la bobine se montre si drôle et touchante que c'est finalement le bonheur qui prend le pas, en plus d'une certaine curiosité quant à comment tout cela va se finir, dont évidemment, « qui aura la belle ? ».
Un final qui d'ailleurs se montrera assez étonnant, voire déconcertant, avec une touche douce-amère qui ne fera pas nécessairement l'unanimité.
Jusque là Hollywood s'était contenté de ressasser des « que ferait-t'on en cas d'invasion Alien ? » sans jamais renouveler la mécanique, seulement les personnages, et c'est ce que brise ici Vigalondo, faisant un incroyable pied de nez, un peu à la façon de District 9, servant quelque chose d'original et de pourtant si évident que l'on se demande pourquoi personne n'y avait pensé plus tôt. Tout cela ne serait rien sans un casting à la hauteur, et c'est ici que sublime un quatuor épatant, Michelle Jenner incarnant la grâce et la désinvolture, accompagnée d'un Julián Villagrán qui lui renvoie la balle au cours de scènes où les deux fusionnent avec beauté, cela sous les yeux courroucés d'un Carlos Areces génial, bien plus que dans le médiocre Balada triste, et usant de moult procédés pour tenter de faire tomber son rival, tandis que Raúl Cimas, incarnant un personnage ayant trop facilement baissé les bras, s'en va faire son Don Quichotte.
Après un Timecrimes qui révélait Vigalondo en tant que réalisateur habile dans différents domaines, il réussit à en faire se marier ici plusieurs, et en toute logique devrait nous surprendre à nouveau, sa participation à The Profane Exhibit, la prochaine production de Uwe Boll, mélangeant horreur et fantastique, promettant le meilleur.
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