Ce serait bien de faire une suite, genre Snipes et Leguizamo se retrouvent pour les obsèques de Swayze, le tout dans un cadre plus contemporain.
Ce qui est bien avec ce récit, c'est que les auteurs nous racontent une histoire, ce n'est pas juste un trip comme on en trouve aujourd'hui : "faisons un film avec des 'LGTB et autres lettres qui pourraient s'étendre à l'infini', l'histoire n'a pas d'importance du moment que l'on nous montre qu'il faut les accepter et que ce sont des gens bien". Forcément, il y a de ça ici aussi, mais on trouve plus aussi, de manière plus générale, le film parle de féminité, de liberté, d'acceptation de soi, de refoulement malheureux.
Et donc, le récit est correctement écrit. Disons que la quête est intéressante, les personnages aussi, avec de belles richesses et autres nuances. Le souci, c'est que les conflits sont rares (les drag queen sont elles-mêmes surprises de ne pas se faire taper dessus durant le film) et les résolutions sont un peu faciles (la bande de loubard qui devient sympas, c'est marrant, oui, mais c'est surtout n'importe quoi vu qu'il aura juste fallu que le chef se fasse écraser les couilles par Snipes pour qu'il évolue - en plus ça sous-entend que la violence permet de faire évoluer les mentalités positivement). Mais bon, le film est pourvu en scènes sympathiques et l'humour fait mouche.
La mise en scène tient la route aussi : le découpage est globalement efficace, avec des plans bien réfléchis, un déploiement technique qui permet de bien faire passer les idées. Le montage est bien rythmé, le film ne souffre d'aucun temps mort. Les acteurs sont bons : les trois principaux d'abord qui parviennent aisément à se faire oublier (ils ne sont ni dans l'excès typique des films à oscars ni dans la caricature malvenue) les secondaires ensuite qui permet de faire étalage de plusieurs actrices douées cantonnées à des petits rôles. Ajoutons à cela des costumes et une déco colorée sympa et une BO qui passe.
Bref, ça se regarde.