Innocence perdue : 8/10 - Adulte pénible : 2/10
L'adulte (trop) critique que je suis n'a que peu goûté cet énième récit initiatique estampillé "machine à oscars" bourré de pathos jusqu'à la gueule. Il a aussi été écœuré, au sens médical du terme, par la partition envahissante de Desplat qui va vite devenir une forme de poison lent sursignifiant pour tout bon mélo qui se respecte.
Daldry confirme ici qu'il n'est pas le plus fin des réalisateurs, loin s'en faut, ce qui en fait par définition un très mauvais adaptateur d'un écrivain comme Jonathan Safran Foer. En effet, l'écriture foisonnante mais empreinte d'une grande finesse de celui-ci est tout à la fois une formidable source d'inspiration pour le cinéma, mais aussi un terrible piège pour qui serait incapable d'en retranscrire la force principale : jouer de la petite histoire pour évoquer la grande. Et Daldry plonge la tête la première et gomme toute la substance de Foer pour ne retenir en plus de 2 heures que la surface du récit, bien décidé à faire pleurer dans les chaumières plutôt qu'à susciter la réflexion.
Mais il y a aussi l'adolescent, sommeillant toujours en moi, qui a été touché par ce parcours initiatique, et s'est laissé volontiers séduire par ce conte moderne post-11 septembre. Après tout, nos enfants sont certes nos prolongements mais aussi le souvenir de ce que nous avons été, et en cela, ma mémoire âgée de 12 ans qui se trouvait à mes côtés m'a confirmé ce que je ne savais que trop : l'innocence est une arme formidable.