Malgré un titre peu engageant et carrément impossible à retenir, malgré des critiques dévastatrices (une en particulier "extrêmement partiale et incroyablement injuste" de Thomas Sotinel parue dans Le Monde.fr cinéma), je suis allé voir ce film, non pour son scénario (on se dit tous : bof, encore un film sur l'après 11 septembre !), ni pour ses acteurs connus, Tom Hanks (qui est un acteur remarquable mais qui a aussi tourné d'improbables navets) et Sandra Bullock (que je n’apprécie guère), mais pour son réalisateur, Stephen Daldry, qui est celui de l'inoubliable (du moins pour moi !) Billy Elliot (2000) et du très beau et émouvant The reader (2008) avec, entre les deux, The hours (2002), film que je n'ai pas aimé malgré une distribution prestigieuse (Nicole Kidman, Julianne Moore et Meryl Streep). Quatre films en 11 ans, c'est peu pour un réalisateur hollywoodien et assez étonnant par les temps de stakhanovisme que nous vivons (en particulier dans le cinéma), pour être souligné, d'autant plus que, parmi ces quatre films, trois sont des chefs-d’œuvre car je compte le film que je viens de voir au titre des chefs-d'oeuvre, n'en déplaise au critique du Monde, déjà cité (Le Monde.fr cinéma). Ce film qui, par beaucoup de points, m'a rappelé Hugo Cabret (mort accidentelle du père, enfant surdoué laissé à lui-même, quête d'un message ou d'une révélation, rôle d'un étrange vieil homme...), est en tout point magnifique. Thomas Horn, le jeune acteur qui joue le rôle principal (et quel rôle !!!) est, en lui seul, un véritable phénomène. Dans la réalité, c'est aussi un enfant surdoué très proche du personnage qu'il interprète dans le film (à 14 ans, il parle, outre l'anglais, le serbo-croate, l'espagnol et prend des cours de mandarin !!!) Dans ses interviewes, il dit qu’il n'avait jamais imaginé faire du cinéma ni étudié la comédie avant d'être sélectionné pour le rôle d'Oskar. Son seul "fait d'arme" était d'avoir brillamment gagné un jeu de connaissances générales comparable à "Qui veut gagner des millions" ou "Questions pour un champion", appelé "Jeopardy !" Le jeu, très célèbre aux Etats-Unis, a eu une adaptation française de courte durée. Bien que physiquement très différent du Jamie Bell de Billy Elliot, Thomas Horn me l'a beaucoup rappelé, en particulier lorsque, vers la fin du film, il parvient à surmonter la phobie du personnage qu'il incarne pour aller faire un tour de balançoire, comme n’importe quel gamin de son âge. C’est une scène splendide et d’une intense émotion.

Un coup de chapeau particulier à l'extraordinaire Max Von Sydow, en vieillard mutique et blessé par la vie, chez qui l'on doit admirer l'immense talent qui lui permet de faire passer autant de sentiments sur son visage ravagé sans recourir aux mots.

Autres coups de chapeau :

- au directeur de la photo, Chris Menges, et à l'auteur de la BO, Alexandre Desplat, un compositeur français qui a à son actif les BO de films à gros budget tels The Queen, La boussole d'or, Benjamin Button, Twilight ou HarryPotter. Dans certains de ces films (La boussole d'or, en particulier), nous avions souvent déploré une musique trop présente voire envahissante. Ce n'est heureusement pas le cas dans le film de Daldry, comme on aurait pu le craindre. Au contraire, la musique sait ici se faire modeste et souligner avec justesse les différentes atmosphères du film.

Le seul reproche que je ferais à ce film, c'est son titre. Pourquoi avoir choisi un titre aussi alambiqué et peu parlant ? Je n'aurais pas été un fan de Billy Elliot et de Thereader, un tel titre m'aurait certainement découragé comme il a dû décourager des milliers de spectateurs de par le monde.


Alors, je vous invite « fort » à passer outre le titre et à aller voir ce film splendide, ne serait-ce que pour les prestations époustouflantes de Thomas Horn et de Max Von Sydow.

Créée

le 22 janv. 2015

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Roland Comte

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