De l’ombre à la lumière
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Le métrage montre la mise en abime d’un homme dont les relations avec les femmes de sa vie ont été douloureuses et traumatisantes. Cet homme c’est Lao Zhang.
« Face à la nuit » est une histoire à rebours chapitrée en trois parties (le futur de 2046, le présent de 2016 et le passé en 2000), un peu à la manière d’un « Irréversible » de Gaspard Noé ou du « Memento » de Christopher Nolan. Ce qui, comme à chaque fois que le procédé est utilisé, propose un découpage troublant où le spectateur se sent happé par le vide. C’est à la fois vertigineux et déroutant.
Néanmoins, ce parti-pris qui consiste à partir d’un point de chute et d’en retracer les tenants est toujours intéressant mécaniquement et permet de se questionner. En l’occurrence ici qu’est-ce qui façonne un homme, son rapport au monde et son rapport aux femmes ? Et si la réponse est parfois inattendue, elle permet un cheminement de pensée particulièrement complexe (dans le bon sens du terme). Nous ne sommes qu’une superposition de couches émotionnelles après tout.
Les acteurs qui incarnent cet homme, Lao Zhang, sur les trois périodes sont assez exceptionnels avec une mention spéciale pour l’extraordinaire Jack Kao (le Zhang de 2046) dont la seule présence, même quand il ne pipe mot, emplit l’écran de son charisme et de mal-être diffus. Le grain de l’image contribue grandement à cette perception. Il faut avouer que le travail sur la photo et la lumière rend le métrage très stylisé.
L’incursion dans le futur de 2046 est véritablement créatif et réaliste. Un petit budget de production oblige souvent à compenser le manque de moyens par l’inventivité et à ne pas trop s’éloigner des schémas de prospectives qui se dessinent depuis quelques années. Ce futur vous paraîtra très crédible. Effrayant et glacial certes mais terriblement crédible. Méfiez-vous, ça approche !
Alors rien à reprocher à « Face à la nuit » ?
Pas si simple, le film souffre d’un manque de rythme et d’une lenteur qui confine au crime. C’est beau mais que c’est long… On sent qu’on passe près d’une grande œuvre, qu’il y avait tous les ingrédients pour faire de ce film une petite merveille et Wi Ding Ho, le réalisateur rate son dosage. Dommage… Mais ce défaut ne vaut que pour moi, d’autres ont justement aimé ce rythme lancinant d’après ce que j’ai pu échanger en projection privée. Vous me direz ce que vous en avez pensé de votre côté.
Il est à noter que co-production taïwanaise et française oblige, la petite touche sympathique et chauviniste fait qu’on y entendra (un peu) parler français dans ce film, notamment grâce à la présence de Louise Grinberg dont s’amourache le héros dans le deuxième segment. Chauvin, un jour…
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Créée
le 17 juil. 2019
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