Petite série B australienne bien ancrée dans l'Ozploitation, Fair Game est devenu soudainement un petit classique sur les simples saintes paroles du toujours très expansif et volubile Quentin Tarantino qui a adoubé le film dans le documentaire Not Quite Hollywood tout en avouant lui avoir rendu un hommage bien appuyé dans Boulevard de la Mort. Ce premier film de Mario Andreacchio possède certes de nombreuses qualités et offre un spectacle de série B assez jouissif mais sa nouvelle réputation limite culte estampillé Tarantino's Touch semble toutefois un poil excessive.
Fair Game raconte l'histoire d'une jeune fermière isolée qui va entreprendre un dangereux jeu du chat et de la souris avec trois chasseurs de kangourous . De provocations en revanche l'escalade va conduire le quatuor dans un jeu aussi stupide que mortel.
Parfois présenté à tort comme un rape and revenge, encore que chacun pourra projeter ce qu'il souhaite dans certaines ellipses narratives, Fair Game raconte donc l'histoire d'un jeu pervers fait de revanche et de provocations entre une jeune femme et trois chasseurs de kangourous. Une approche assez originale puisque la jeune fille loin de se laisser faire ou se venger d'un bloc revient donc régulièrement titillé les trois rednecks du bush australiens pour se venger dans une escalade mortelle. Cette force est aussi paradoxalement une des faiblesse du film qui devient sur la longueur un poil mécanique et répétitif dans sa construction œil pour œil , dent pour dent. Il est plaisant de voir à l'écran une femme forte et couillue qui ne se laisse pas emmerder et cette héroïne aux faux airs de Sarah Connor est interprétée avec force et conviction par la très jolie Cassandra Delanay qui possède à l'évidence un vrai charisme pour ce type de rôle. Même si le film ne cache pas ses influences qui vont de Mad Max (véhicule customisé et course poursuite) à Terminator , Mario Andreacchio parvient à créer son propre univers et nous livre globalement un thriller sec et tendu, moite et étouffant, un film formellement très maîtrisé qui nous offre quelques plans et scènes vraiment très réussis comme une course poursuite dans une nuit bleutée, la fameuse scène de la voiture et des plans magnifiques du bush australien. La galerie de méchant est juste ce qu'il faut de bêtement dangereux pour être à la fois crédible et s'inscrire dans un univers plus typé de série B.
Là ou Fair Game est déjà bien moins convaincant c'est notamment dans sa bande son et le score de Ashley Irwin. Ce n'est pas tant que la musique soit mauvaise, elle comporte même un morceau basé sur une petite rythmique de baguettes diablement efficace , mais elle est tellement envahissante et parfois grandiloquente à surligner la moindre action qu'elle finit par donner parfois au film un faux air bien involontaire de parodie. Outre son aspect répétitif déjà évoqué plus haut le film lorgne aussi parfois vers le Z involontaire comme lorsque les personnages se préparent façon Rambo avec peinture de guerre et bandeau dans les cheveux pour l'affrontement final.
Je ne sais pas si Fair Game est un classique de l'Ozploitation en revanche c'est assurément une chouette série B.