Hallucinant d'imaginer que le premier film de Claude Autant-Lara, ce chantre de l'académisme pompier, ce cinéaste fustigé, plus que d'autres encore, par les jeunes turcs des Cahiers au moment où ils instaurent la Nouvelle Vague, accusé de collaboration pendant la guerre, et qui finira proche du Front National dans les 80's, puisse être un chef-d'oeuvre de cinéma expérimental, très proche des premiers René Clair ou de Germaine Dulac. Mettant en scène sa propre mère ainsi qu'Antonin Artaud, dans un triangle amoureux abstrait et clairement influencé par le surréalisme, le cinéaste qui n'a alors que 22 ans fait montre d'une acuité de mise en scène hallucinante, parvenant à créer un univers qui n'a rien à envier à Man-Ray ou à Buñuel. On imagine mal comment en commençant ainsi, le cinéaste a ensuite tourné L'Auberge Rouge ou La Traversée de Paris.
A noter que ce film est visible jusqu'au 13 mai sur le replay d'Arte, et que dans le genre c'est inratable.