Comment décrire le temps, la peur, l’angoisse, la jalousie sans n’exprimer un seul mot ? Et raconter une histoire sans même un seul panneau ? Le passage du temps est très bien révélé. Le montage, les mouvements des caméras, les fondus. Ce film utilise ou plutôt innove de nouveaux procédés techniques vraiment très remarquables pour cette époque (1923).
L’expression des visages, notamment la scène de bagarre entre le mari et l’amant révèle extrêmement bien les émotions et la douleur (les yeux exorbités cernés de noir, le teint pâle) du personnage après cette lutte. Mais finalement cette scène n’est-elle pas seulement imaginé et rêvé par le mari ? Le doute et l’agitation du mari sont aussi très bien exprimés. Avant cette scène, on voit sa tête agité et angoissé présenté entre sa femme et l’amant de sa femme, calment, dans un fondu avec une superposition d’au moins trois images.
Les personnages dédoublés grâce au montage permettent de montrer le mouvement du temps. Mais surtout je repense à la scène où le mari, sur une même image, se dédouble. L’un des deux finissant par tomber au sol. Cela montre très bien l’état psychologique du personnage. Le mouvement des caméras basculant et tournant nous montrent également cet état. Le paysage fini lui aussi par se diviser et se superposer donnant ainsi une impression de tournis et de malaise.
Le dédoublement des images nous donnent également une impression de flottement, laissant apparaître à nos yeux des fantômes ou des êtres immatériels perdus dans le temps entre deux temporalités, le passé et le présent. Les sauts d’images donnent également cette impression.
Et finalement, comment montrer l’éclatante dispute entre ces trois personnages (le mari, la femme et l’amant) sans montrer un seul visage ? Ce film y parvient pourtant très bien. Toute la tension réside dans les gestes des mains à la fois crispées et tendues, montrées en gros plan. Puis c’est la chute, la fin inévitable de l’un des deux hommes. Mais lequel ? Le basculement infatigable des caméras n’est presque plus ressenti sur les paysages parisiens. Le fourmillement de la ville reparaît.
Fin