3h45 de film, c’est le temps qu’il faut pour ce chef-d’œuvre pour changer à jamais notre vision du cinéma. 3h45 de film qu'on ne voit absolument pas passer, chaque minutes et chaque secondes sont millimétrées exactement pour que l'ennui ne s'immisce pas chez le spectateur. Tout est très bien rythmé. L'action et la narration se mêlent ensemble pour former un beau tableau, la toile d'une vie parsemée d’obstacles, remplie d'amitiés fraternelles et d’un amour impossible.
Le moment de la prison n’est absolument pas raconté ou visible dans le film comme si la vie s'était arrêté à un moment précis et reprenait des années plus tard. Comme si la vie était mise en suspens le temps de cette incarcération. De plus, ce qui n’est pas visible est aussi tout ce qui se passe en dehors de cette ville, notamment lorsque Noodle quitte cette dernière. Ce qui est à New York reste à New York. Aucun autre lieu n'est visible à l'écran, pas même lorsque le personnage part se terrer dans le monde, pour tenter de disparaître.
La bande originale a toute son importance. On reconnaît tout de suite la pâte de Ennio Morricone. Je pense surtout à la scène où l’on voit l’un des garçons attendre sur les marches avec un gâteau. La musique décrit à ce moment là toute la délicatesse de l’enfance envelopper dans la dureté de la rue. Elle déclenche beaucoup d’émotions et d’autant plus dans cette scène où l’attente et l’envie de cette sucrerie sont ressenties.
Les transitions sont assez remarquables. J’étais en extase devant presque chacune, notamment celles où le personnage regarde à travers le carreau des toilettes du restaurant. Ce sont comme des minuscules fenêtres qui donnent à voir sur le passé. Et il y a aussi les transitions avec les lumières qui peu à peu deviennent floues et qui après un dézoome ou un zoom nous projette dans un autre lieu, à une autre époque.
La fin m’a laissé un peu perplexe. Au début du film on voit le personnage principal dans une fumerie d'opium et il se termine dans ce même lieu sur le même personnage ayant le même âge. Je me suis donc demandé si cette vie qui nous était racontée était réel, et si on ne pouvait pas l’interpréter comme une hallucination du personnage, d’une vie rêvée en songe. Même si ce n’est bien évidemment pas la seule explication possible.
En bref, je suis ressortie de ce film ébahit, ne croyait d’abord pas ce que j’avais vu. Je me suis rendu compte un peu plus tard que j’avais rencontré le cinéma. Un chef-d’œuvre qui a pour nom Il était une fois en Amérique. Une véritable prouesse réalisée par Sergio Leone, l’un des grands maîtres du septième art.