Le fusil à deux coups de Banksy
Sous couvert de se payer la tête de ceux - artistes, critiques, amateurs et acheteurs - qui participent à la marchandisation du street-art en art contemporain (= 1er coup de fusil), Banksy mène en réalité sa propre auto-critique à travers un alter-ego fantoche, Mr. Brainwash (= 2nd coup de fusil).
Ce dernier incarne en effet, de manière légèrement exagérée, tous les travers et compromissions - parfois inévitables - auxquels Banksy lui-même ne peut pas toujours se soustraire (= techniques de production modernes qui ouvrent la voie à la reproduction en série ; artiste qui s'efface derrière son atelier de petites mains qui bossent pour lui sur ses concepts etc.), ainsi que la partie du système qu'il a inévitablement lui même fini par représenter, bon gré, mal gré (Fairey/Obey et Banksy sont devenues de véritables marques, exploitées et défendues comme telles).
Bref, le bonhomme semble tout aussi lucide sur son cas et grinçant d'ironie que l'était un Voltaire.
Banksy renvoie donc dos à dos ceux qui ont une vision un peu trop naïve du street-art (Banksy et consorts = rebelles sur leurs chevaux blancs, emplis de purs idéaux artistiques) et ceux qui n'en ont qu'une vision bassement intéressée / complètement hypée.
Ce faisant, il dessine un monde complexe, où personne n'est tout noir ni tout blanc ; surtout pas lui !
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