Un film surprenant à bien des égards, interprété par 2 jeunes acteurs bouleversants de naturel.

Fidèle à son matériau d'origine (la BD une sœur de Bastien Vives), dont il reprend la trame et le thème ainsi que de nombreuses scènes, le film raconte cependant avec plus de subtilité et d'élégance cette histoire d'éveil à l’amour et la sexualité d'un ado de 13 ans.

On y suit les aventures de Bastien, qui s'échappe de l'enfance et grandit, devenant un peu trop vieux pour jouer avec les enfants, mais encore un peu jeune pour trainer avec les plus grands, qu’il regarde avec envie, surtout Chloé, 16ans.

La réalisatrice, dont le style est un peu à la croisée des films de Xavier Dolan et de David Robert Mitchell, insuffle à cette coming of age story une atmosphère poétique et quasi mystique qui transforme cette histoire banale en quelque chose de plus grand, de plus profond, qui vient secouer les tripes et laisser un gout étrange dans la bouche, comme un souvenir d’enfance, beau et triste à la fois.

C’est un été au Canada, dans un chalet en bordure d’un lac, au milieu d’une foret comme un labyrinthe inquiétant et enchanteur à la fois, promesse d'évasion et de liberté.

C’est une histoire d’amour naissante, entre deux adolescents qui ont peur de grandir mais sont trop pressés.

C’est une histoire hantée par un fantôme, allégorie d’un passé qui s’enfuit ou d’un future fantasmé.

C’est les clapotis de l’eau et le bruissement du vent dans les feuilles.

C’est le bruit des roues du vélo sur la route en terre et les graviers. Celui des pieds dans l’herbe haute et sèche.

C'est les parents qui discutent à table, les verres qui s'entrechoquent, les rires diffus.

C’est quelques notes lancinantes au piano. Ou une musique vaporeuse, presque dérangeante.

C'est un cinéma de sensations. Fait de petites touches, comme autant de coups de pinceau sur un tableau, qui forment un dessin plus grand, comme un puzzle dont on assemble doucement les pièces une à une.

C’est tout ça.

C’est rien.

C’est les petites choses de la vie.