Fantômes défaites
Des fois, tu aimes un film alors que tu sais que c'est pas bien génial. C'est même carrément pas bon. Mais tu l'aimes quand même pour de mauvaises raisons. Après tout, on aime toujours pour de...
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le 21 déc. 2015
27 j'aime
5
Version moderne de "A Christmas Carol" et "It's a Beautiful Life", particulierement reussie. Le script est intelligent et généralement supérieur aux normes habituelles. Les acteurs sont tous bons, les dialogues sont bien tournés et la mise en scene brillante. Le film offre aussi de magnifiques vues de New York City, ce qui l'eleve au rang des "New York Christmass classics" comme "Home Alone 2" ou "Die Hard". A l'exception de la neige artificielle sur les extérieurs filmés en été, cette production est très réussie dans son ensemble, et vous etes surs d'etre divertis du debut a la fin.
Mais comme chacun sait, Hollywood est avant tout le bureau central du design social, du contrôle mental et de la propagande. Donc, ce divertissement aura un effet de petite lobotomie frontale. Si vous êtes déjà complètement assimilé à l'idiocratie vous ne la sentirez pas passer, et elle est deja inclue dans le prix. Pour les autres, details ci-dessous.
La prémisse est "alpha-male bad , beta-male good ": Un bachelor blanc savoure chaque instant de sa vie qu'il passe a poursuivre ses ambitions personelles et ses plaisirs sexuels sans attaches. Un "thug" noir se prend de lui inculquer que seule une transformation complète en " père occupé " de banlieue beauf et soumis donnera un vrai sens à sa vie, car comme on vous l'a déjà enseigné mille fois: les ambitions honteuses et les rêves de liberté financiere du mâle hétérosexuel blanc sont le noyeau du mal-être sociétal, et la raison pour laquelle les femmes tendres et virtueuses deviennent des carrieristes egoistes entourees de lesbiennes meprisantes. Au passage, on vous rappele que les gangsters noirs agressifs et armés jusqu'aux dents sont bien souvent de grandes ames angeliques et que vous avez tout a apprendre d'eux, biensur.
Si vous adhérez à ces croyances imposees aux eunuques et aux femmes derangees de l'Idiocracie, alors vous passerez deux heures très agréables à regarder l'équipe du film vous démontrer qu'un homme doit prendre un emploi indigne de ses capacités, avoir son beau-père comme patron, sacrifier ses rêves et devenir un esclave sexuellement asphyxié, tout ca sous le leadership ethique et responsable de son épouse (la femme étant bien sûr guide spirituel et détentrice absolue de toute noblesse morale).
Vous serez peut-être amenés a l'introspection au fur et à mesure que les auteurs vous démontrent que, attention, si jamais le mechant monsieur blanc essaye un jour de se faire plaisir (s'acheter un costume, par exemple), ou s'il ose se battre et obtenir un travail qui le valorise et lui correspond alors là, son adorable femme (qui pratique un métier social qui la passione sans rapporter un sou) lui fera une crise monumentale et le culpabilisera de lui causer tant de sanglots.
Vous verserez une petite larme attendrie au climax du troisième acte lorsque le protagoniste est finalement completement transformé en beta-male fragile et dependant affectif, et vous quitterez la salle en etant tous éloges pour la troupe d'Abraham, Rosenman, Levine, Bernstein et compagnie, qui vous produisent vos divertissements depuis leurs propriétés de Beverly Hills. Vous regarderez avec pitié ceux qui boudent leur plaisir : ceux-là n'aiment rien, ils voient le mal partout, ce sont des gens toxiques, probablement misogynes, surement racistes, peut-etre meme homophobes voire, pire, antisemites. Des complotistes surement.
Mais si vous rejetez ce dogme que le bureau central des divertissements impose aux sans-cerveaux de l'Idiocratie, vous trouverez biensur hilarant que le bêta-mâle modele décrit dans ce film ne finisse pas divorcé, viré de son travail, détesté par ses enfants, couvert d'opprobre et alcoolique. Tout se résumera donc à la question habituelle : voulez-vous être divertis pendant deux heures au prix d'accepter la dose de conditionement pernicieux et obligatoire ? Homme ou femme, décidez donc selon votre niveau de tolerance et/ou d'assimilation.
Créée
le 23 déc. 2024
Modifiée
le 24 déc. 2024
Critique lue 8 fois
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J'ai lu ici et là que le film est bourré de clichés (certes), que le tout est convenu (re-certes), que certains acteurs surjouent (re-re-certes)...je pourrais enchaîner les critiques négatives lues...
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