Last Seduction
6.7
Last Seduction

Film de John Dahl (1994)

Dans le genre Neo-Noir, le meilleur de tous reste encore aujourdhui "Blade Runner", suivi de quelques productions de liste A qui ont quelque chose d'absolument unique (comme par example "Angel Heart"). Mais la majorite des "grands films" néo-noirs, de "Chinatown" à "Body Heat" en passant par "The Long Goodbye", sont en realite horriblement surfaits et ne meritent pas leur reputation. C'est parmis les films moins connus, souvent de serie-B que l'on trouve des pepites interessantes. Il existe parmis celles-ci DEUX films qui sortent spectaculairement du lot et sont extremement sous-estimés: "The Last Seduction" est le premier (le deuxieme etant "The Grifters" de Stephen Frears). Ma revue si dessous.


John Dahl est un bon directeur d'acteur mais n'est certainement pas le meilleur réalisateur en termes de creation d'atmosphere. Ici, heureusement, c'est l'actrice qui FAIT ce film. C'est le seul rôle interessant de sa carrière, et probablement LE meilleur personnage de femme fatale dans un film néo-noir de TOUS LES TEMPS.

Mise a part la performance geniale de l'actrice principale, le fim a quelques failles biensur. Le principal problème a mon opinion est que l'érotisme reste extrêmement "vanila" et meme banal (le film ayant été conçu à l'origine pour la télévision). C'est un vrai probleme car la prémisse ne fonctionnait que si les auteurs pouvaient montrer de manière réaliste comment une femme parvient à prendre le pouvoir total sur un homme à travers un tissage de manipulation psychosexuelle et de jeux sexuels d'abord addictifs puis deviants.

La descente aux enfers du personage masculin est pourtant integree dans la trame, mais les pivots narratifs qui la decrivent sont précipités et pour cette raison deviennent tirés par les cheveux. Peut-etre le film manque une vingtaine de minutes detaillant comment l'addiction affective et sexuelle du personage l'entraine a accepter des jeux perverses de plus en plus extrêmes, jusqu'a arriver au point de non retour de la dependance sordide. Sans cette partie du film, le scenario devient un peu farfelu après le pivot du milieu du deuxième acte.

Néanmoins, le scénario reste quand meme rempli de dizaines de trouvailles geniales, evolue a un rythme excellent, et est dans son ensemble largement au dessus des normes habituelles. Les dialogues sont aussi tres amusants à suivre et meme souvent savoureux. Les acteurs sont tous superbes, et l'humour noir tout au long du film est tres drole et tres subtil.


Il est vrai que pour le gros du film se passant hors de New York, les interieurs et exterieurs sont nuls et la photographie sans recherche nous rappele constament qu'il s'agit d'un téléfilm de consomation rapide. Un autre petit regret est que l'obsession/dépendance du personnage principal pour New York City était un angle fantastique qui n'a malheuresement pas ete complètement développé. L'ouverture et la cloture a New York sont par contre superbes. Et pour finir, le choix de la musique est parfait (d'ailleurs similaire a celui fait pour The Grifters)


L'ecriture pour le cinema semble etre un art maudit, puisque bien trop rares sont les scripts eblouissants. Alors malgré ses problemes The Last Seduction reste à des kilomètres au-dessus de beaucoup de celebres neo-noirs de liste A. Et Linda Fiorentino y est tout simplement incroyable. Sa performance et sa presence d'ecran placent meme ce film parmis les meilleurs films néo-Noirs jamais réalisés. Beaucoup de plaisir! Recommandé.

TIP: Si vous cherchez d'autres Neo-noirs meconnus et sous-estimees, voyez en priorite "The Grifters". Apres celui, il y en a quelques uns bienmoins reussis mais sous-estimes tout de meme: "Palmetto", "This World, then the fireworks", "The Two Jacks", "The Devil in a Blue Dress" (je ne mentione pas les autres car ils sont tous largement sur-estimes).

ExperteOpinion
8
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il y a 5 jours

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il y a 4 jours

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