Se plaçant avec panache dans le sillage de films neo-noirs de la trempe du très bon Red Rock West du même réalisateur ou du sulfureux Hot Spot de Dennis Hopper, Last Seduction possède de jolis atouts pour convaincre le chaland de passage. Une Linda Fiorentino sensuelle et charmeuse d’abord, des ambiances d’une banalité réussie d’autre part et enfin une storyline qui ne s’embarrasse d’aucune moralité puisque son crédo est d’illustrer la garce la plus impitoyable qui soit.
Et c’est un euphémisme de dire que la belle Linda est une garce de compétition. Si le crayon qui la dessine est doté d’une mine très grasse, une fois n’est pas coutume, c’est pour le meilleur. Dénuée de tout sentiment, avec pour seule ambition celle de couler des jours heureux sous une montagne de pognon, la gazelle est ambitieuse, adepte de la punchline assassine et peu regardante sur les moyens qui lui permettront de réaliser ses désirs matériels.
John Dahl prend un malin plaisir à composer avec des personnages unidimensionnels une farce glauque qui ne l’est pas moins. On pourrait lui reprocher de ne pas jouer davantage sur l’ambivalence de son amazone moderne, mais il semble que pour lui, le trait de caractère principal de la demoiselle est qu’elle est sans ambigüité, « bitch » jusqu’au bout des ongles. Le stratagème qu’elle met en œuvre est sans surprise, prévisible jusqu’à son dénouement, mais tellement vénal et assumé dans ses plus viles particularités que le spectacle se suit avec le sourire.
Et quand bien même l’ensemble peine un peu à tenir la distance, la séance se conclut comme elle a commencé, sans un soupçon de politiquement correct. Une belle récréation pour pourris en somme, qui ravira ceux qui n’aiment pas les histoires saupoudrées de sucre glace. De quoi faire avaler de belles couleuvres (la fin est collector à ce niveau) aux vieux aigris que nous sommes, à grand renfort des superbes jambes de Linda Fiorentino certes, mais pas seulement.
7.5/10