"Tu veux voir Family Man ?
- Non.
- Avec Nicolas Cage...
- Hmm ?
- ... qui chante de l'opéra en slip dans une chambre d'hôtel
- Bon, ok."

C'est à peu près comme ça que m'a copine m'a piégé pour me forcer à voir cette chose. Quand votre entourage commence à exploiter ainsi vos faiblesses, c'est que vous avez loupé quelque chose au niveau de votre com' personnelle.


[SPOILER, mais franchement on s'en tape]

Family Man, c'est Mr Destiny à l'envers.

Dans Mr Destiny, James Belluci était pauvre et couchait avec Sarah Connor. Il se retrouvait riche, dans une grande maison et dans une superbe blonde mais voulait retourner à sa vie de fauché heureux.

Dans Family Man, Nicolas Cage était très très riche et respecté de tous. Il se retrouve juste riche, avec un chien qui lui bave dans la bouche, un bébé qui se chie dessus et une gamine qui lit trop de SF. Mais la chair est faible et les décolletés avantageux de son épouse lui font perdre tout sens commun.

Dans les deux cas, on nous explique que l'argent rend malheureux et qu'il vaut mieux être pauvre avec une femme aimante que riche avec des amantes bouillantes. Pourquoi pas. En tous cas, quand on a ni argent ni famille, on doit être sacrément malheureux ! Oh, wait... :gasp:


Du début à la fin, le film se paye une morale douteuse avec un scénario d'une rare cruauté, qui mérite que j'entre un peu plus dans les détails :

Jack est heureux et la chance lui sourit. Il est son propre patron et gagne des brouettes de dollars en un clignement de paupière. Il vit dans des hotels grand luxe où il chante sa joie de vivre en italien et en slip. Âpre au gain et suffisamment anti-conformiste pour ne pas s'encombrer de la pression des fêtes commerciales, il passe noël au bureau avec d'autres capitalistes qui s'assument, histoire de fignoler le deal de sa carrière et de se préparer une retraite dorée à l'or fin.

Mais Jack est aussi un type courageux, au service de la communauté : Quand son épicier se fait braquer par un jeune délinquant, il n'hésite pas à s'interposer et à user de ses talents d'orateur pour désamorcer une situation explosive.
Pas de chance : le braqueur en question était un esprit maléfique qui dérobe tout ce que possédait Jack (à commencer par sa Ferrari) et le projette par magie dans une abominable vie de famille en banlieue, sous prétexte de lui ouvrir les yeux sur les mauvais choix de ses jeunes années.
Vous savez, ces mauvais choix qui l'ont conduit à être riche et heureux dans des hotels de luxe.

Traumatisé, Jack déprime au bout d'une poignée heures, se névrose après quelques jours et cherche à faire tourner sa chance mais il s'empètre dans les fantasmes pantouflards de sa bobonne qui se voit déjà grisonnante et frippée, dans le même pavillon à clôture blanche jusqu'à la fin de ses jours et qui rejette tout changement ou toute remise en question.

Jack tient bon pendant les deux tiers du film. Le personnage reste foncièrement attachant mais... comme on pouvait s'y attendre, tout bascule, sans qu'on sache vraiment pourquoi. Il se met à aimer cette marmaille qui n'est même pas la sienne, à se plier aux exigeances de sa phagocytante épouse et finit par renier tout ce en quoi il croyait, et tout ce qui a fait de lui un homme accompli. Au secours.
Ezhaac
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le 23 déc. 2011

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Ezhaac

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