Critique de Fandry par Kibruk2
Ce film indien montre à merveille la vie dans un petit village indien et se focalise sur la condition des intouchables dont il dénonce subtilement le traitement. Cette intéressant fable s'enlise...
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le 14 sept. 2022
Fandry, qui signifie cochon en langue Kaikadi, est le premier long métrage de Nagraj Manjule. Lui-même est dalit et son œuvre cinématographique est engagée en faveur des intouchables. Le film est tourné en langue Marathi.
Fandry raconte l’histoire de Jabya, un adolescent qui appartient à la communauté Kaikadi, une caste des intouchables. Avec sa famille, il vit à la périphérie du village. Pour vivre ou plutôt survivre, sa famille mendie de petits travaux à droite et à gauche. Ce sont eux qui chassent les cochons quand il faut les attraper. Ces animaux sont considérés comme impurs et les autres villageois ne veulent pas les toucher.
Fandry dépeint le quotidien de Jabya et de sa famille : difficultés à venir à l’école en raison de la pauvreté, difficulté écrasante pour payer la dot de mariage des filles, pour acheter des vêtements décents, humiliations quotidiennes, pauvreté de la maison, rapport familiaux tendus en raison des frustrations accumulées, rejet de certains lieux comme ici lors de la fête foraine.
Au début du film, nous assistons à un cours donné dans la classe de Jabya. L’instituteur présente aux élèves un poème de Chockhamela. Celui-ci est un saint de l’Inde ayant vécu au XIVe siècle et ayant appartenu à une caste des intouchables. Il est l’un des premiers poètes de caste inférieure. Dans ce poème, Chockhamela illustre par divers images qu’une personne se définit par ses qualités plus que par sa religion ou sa caste. Alors qu’au contraire, nous jugeons les choses selon leur apparence selon ce qu’elles semblent être et qu’elles ne sont pas. Par exemple un arc est courbe et pourtant il permet de tirer droit une flèche. Malheureusement cette leçon d’humanité ne semble pas rejoindre les enfants car leur attitude demeure violente envers Jabya.
Celui-ci est amoureux de Shalu une fille de sa classe qui appartient à une caste supérieure. Le film tourne autour de ses tentatives discrètes pour gagner son amour. Mais l’essentiel n’est pas là, le film décrit surtout la violence intolérable faite aux « intouchables » et la honte qu’éprouve Jabya envers le statut de sa famille et leur extrême pauvreté.
La dernière scène est particulièrement cruelle. Jabya et sa famille doivent attraper un cochon qui a fait des bêtises dans le village. Ils s’y mettent tous et cela devient l’attraction des habitants qui se rassemblent pour les regarder et se moquer d’eux. Jabya se cache pour échapper à cette humiliation mais son père le retrouve et le taloche devant tout le monde en lui criant que c’est ainsi, il est pauvre et c’est leur vie, il faut faire avec ! Et la course au cochon reprend tandis que les railleries augmentent et que le père de Jabya n’en peux plus de courir avec ses genoux abîmés. La dernière image du film ou plutôt la « non image » est brutale, on ne s’y attend pas, j’ai sursauté et c’était la meilleure manière de terminer cette histoire tragique. Cette finale traduit la prise de conscience que fait Jabya de son impossibilité à rejoindre les autres en raison de sa caste.
Fandry n’est pas l’histoire d’une banale romance mais le récit de la souffrance de ces milliers de gens humiliés, rabaissés, traités pire que des animaux.
Le film a remporté le Grand Prix du Jury au Festival international du film de Mumbai. Il est sorti en salles le jour de la Saint-Valentin le 14 février 2014. Il fait partie de ces films qui tentent de faire changer le regard des gens sur ce système intolérable et injuste.
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le 3 janv. 2022
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