Les amis, avant de sortir les fourches prenez le temps de me lire. Merci



  • Ma fille ! Tu n'as pas honte !

  • Bien sûr que non, honte de quoi ? Elle ignorait qu' elle été belle. Je l'ai instruite.

  • Arrête tes chansons, on les connaît. Et toi, rentre dans tes vêtements !

  • Heu, tout doux maître Guillaume. Moi j'ai été tout mielleux avec vos dames.

  • Vos dames ? J'ai qu'une fille.

  • Et sa mère ?

  • Saligaud !

  • Et sa tante ?

  • Ma femme !

  • Chacun son devoir. L'armée dépeuple, moi, je repeuple !



Attendez, attendez, attendez. Les amis, avant de sortir les fourches et de me bondir dessus, on se calme, on respire un bon coup et on prend le temps de me lire. Merci.


Mais qui est Fanfan ?


Fanfan la Tulipe et un personnage fictif apparu pour la première fois en 1819 dans une chanson de l'écrivain et chansonnier Emile Debraux. Fanfan fut par la suite adapté dans de nombreux supports tel que le théâtre en 1859, l'opérette en 1882, en feuilleton pour le journal de l'écho de Paris en 1896, en roman de Pierre-Gilles Veber en 1950, en film avec une première version de René Leprince sorti en 1925 ainsi qu'une deuxième version de Christian-Jaque sorti en 1952, et même en bande dessinée de Jean Prado et Étienne Le Rallic paru de 1952 à 1956. Avec tout cela, il apparaît que Fanfan est un personnage important dans le décor français qui a su traverser les années et qui en toute logique a trouvé une nouvelle vie en 2003.


Alors quel est le problème ? Les années se succèdent et le personnage de Fanfan a toujours évolué à travers celles-ci proposant à chaque fois une nouvelle facette de ce personnage. Donc le fameux '' c'était mieux avant '', me paraît dans ce contexte bien ironique. Imaginez qu'avec cette mentalité il en aurait été de même pour les initiés du support de 1896 qui aurait crié à la bouse infâme pour l'adaptation du roman en 1950, qui eux-mêmes auraient été scandalisé par la première adaptation cinématographique en 1925, qui eux-mêmes... En bref, le serpent qui se mord la queue. Tout cela me fait bien rire.


Fanfan est un personnage qui trouve sa force dans sa traversée des époques et il faut accepter qu'il évolue au fur et à mesure avec. On peut bien entendu avoir ses préférences parmi toutes les propositions, et même des déceptions, seulement il serait dommage qu'avec des attitudes trop implacables et trop tranchées parce qu'on est incapable d'apprécier le moindre changement, on en vient finalement à faire disparaître ce personnage.
À moins que cela vienne du studio ? Je sais qu'il est de coutume '' pour certains '' de cracher sur ce film car il provient d'une oeuvre créée par les studios Europa Corp. Europa Corp, le vilain studio de Luc Besson qu'il faut absolument dénigrer. Penser qu'il pourrait faire un bon film est pour '' certains '' une chose impensable, si bien que peu importe le contenu le produit est forcément condamné. Camper à ce point sur ces positions au point d'être totalement imperméable en ayant un filtre devant les yeux c'est ce qu'on appelle être '' un vieux con '' (N'oubliez pas j'ai précisé pour certains, je ne fais aucune généralité).




  • Le voilà !

  • On ne montre pas du doigt, Mr l'imbécile ! C'est très inconvenant.

  • Vous entendez ? Il se paie votre gueule !

  • Non, la vôtre adjudant. Ce qui est déjà extrêmement courageux.

  • Je vous demande mon Colonel, l'autorisation...

  • De ?

  • Le crever, l'éventrer, l'égorger, l'émasculer !

  • Ah non ! Ça c'est trop.




Maintenant, place à la critique.



Fanfan la Tulipe est un film frais possédant beaucoup de panache, de charme, et d'humour à travers une grande aventure riche en action brillamment réalisée par Gérard Krawczyk. Une nouvelle version de Fanfan la Tulipe réunissant tous les ingrédients pour en faire un cocktail savoureux dont on se délecte avec la bonne humeur. Le film est riche en péripéties toutes plus attractives les unes des autres. C'est simple le récit ne s'arrête jamais de proposer des situations soit périlleuse soit comique où les deux réunis, à travers un rythme effréné qui ne permet aucun trou dans le rythme. Les séquences d'action offrent des combats à l'épée particulièrement soignée, amenant des phases de duels captivants, par le biais d'une histoire amusante riche en simplicité. L'humour fonctionne très bien à travers des gags plus ou moins fins qui m'ont à chaque fois fais rire. Un ensemble d'éléments positifs à l'origine de ce grand spectacle divertissant.


La mise en scène est habile, la photographie particulièrement soignée : techniquement le travail est fait. Les dialogues sont un véritable plaisir pour les oreilles avec des intonations de voix et des accents croustillants sur des phrases hilarantes. Un remarquable travail sur les costumes qui resplendissent de couleurs à travers des décors somptueux qui retranscrivent efficacement l'époque avec une belle nature de l'Aveyron et des demeures en pierre les accompagnants. Un véritable effort de crédibilité qui fait plaisir à voir jusqu'aux instruments de musique qui sont réellement d'époque.


La composition musicale d'Alexandre Azaria est dynamique, elle amène un pot d'influences symphoniques pleines de vivacité. L'ensemble des musiques collent subtilement à l'action présentée et bonifient l'ensemble des séquences.
Puis viennent les comédiens; '' ah là là ! "; il y a tellement à dire, le casting en plus d'être génial présente des comédiens qui apportent beaucoup de fraîcheur et d'énergie. Ils ont l'air de tous s'éclater comme des gosses et cela se ressent tant on est pris par la bonne humeur de chacun des personnages.



Soldats ! Nous allons mettre les bouchées doubles car la bataille est imminente. Une bataille c'est des morts en perspective. Je veux des morts impeccables, têtes au carré, rasés de près, les cheveux coiffés, les bottes cirées. Des morts qui soient l'honneur du régiment et qui sourient ! On sourit !



Vincent Perez en tant que Fanfan est éclatant, il rayonne de mille feux et illumine le film de sa présence. À travers un charme fou, le comédien dégage une énergie folle et transmet via son sourire contagieux une bonne humeur nous rendant comme lui tout souriant. Un bourreau des coeurs faisant des ravages auprès des femmes et des cocus auprès des hommes. Un véritable étalon indomptable se refusant à la contrainte, à la recherche de sa destinée et de celle qui sera capable dompter son cœur enflammé. Vincent Perez est exceptionnel dans ce rôle, il est à ne pas en douter Fanfan la Tulipe. Vincent Perez forme un joli couple avec Pénélope Cruz.


Pénélope Cruz sous les traits d'Adeline est magnifique. La comédienne dégage beaucoup de sensualité dans un rôle de femme forte qui lui va à la perfection. J'adore l'accent de la comédienne qui fait pour le coup une véritable prouesse artistique puisqu'en vrai elle ne parle pas un mot de français et pourtant elle incarnera tout du long son personnage dans la langue de Molière qu'elle emploi avec une certaine aisance et sensualité. Didier Bourdon est génial en tant que Louis XV Roi de France, il offre une performance maniérée formidable. Chacune de ses apparitions sont drôles. J'adore les séquences où il tente de comprendre comment la guerre à commencer et surtout lorsqu'il essaye de s'initier au rouage de la stratégie militaire. La scène durant laquelle Didier Bourdon apprend qu'il y a un traître parmi ses rangs et qu'il est tout vêtu de noir est tordant.


Guillaume Gallienne en tant que Colonel La Houlette fait preuve d'une véritable finesse d'incarnation très amusante. L'impression de genre qu'il dégage via son expression féminine fonctionne à merveille. Il est drolatique durant ses moments d'enchantement devant le beau physique de Fanfan, ainsi que durant ses pétages de plomb envers les musiciens qu'il ne cesse d'engueuler car incapable de produire du jarret. Philippe Dormoy pour l'adjudant '' Fier-à-bras '' est certainement le personnage qui m'éclate le plus. Ses nombreuses crises de nerfs sont un véritable bonheur durant lesquelles il utilise des tas d'expressions de mécontentement qui sont burlesques et qui en font un capitaine Haddock par excellence : " Fusillé, écartelé, pendu, défendu, rependu! Brûlé vif! Crue, cul grillé ! Nom d'une chiure de mouche! "
Le reste de la distribution est tout aussi régalable avec Hélène de Fougerolles pour Mme de Pompadour, Michel Muller pour Tranche-Montagne, Jacques Frantz pour La Franchise, ou encore Gérald Laroche pour Corsini.



CONCLUSION :



Gérard Krawczyk continue efficacement la transmission de ce personnage culte qui aura su traverser les époques à travers bien des supports, proposant une version pleine de fraîcheur et de panache via un humour et des actions savoureuses que l'ensemble des comédiens et des techniciens sublimes.


Merci au studio Europa Corp de ne pas laisser ce personnage tomber dans l'oubli en permettant la continuité de Fanfan la Tulipe qui pour la culture française est un trésor national.




  • Ah ! Les nôtres arrivent ! Attendez je reconnais, heu... Aquitaine ?

  • Picardie, Majesté.

  • Ah oui... heu... Picardie, c'est bien aussi. Et là, attendez, ne dites rien... heu... Champagne ?

  • Presque Sire, Roussillon.

  • Bon ! Qu'on me nettoie cette lunette qui mélange tout !


B_Jérémy
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste « Cocorico ! » : classement du meilleur au pire des films appartenant au cinéma français

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le 29 août 2021

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