Parallèlement à la production faramineuse de son Pinocchio à la fin des années 30, le nabab Walt Disney a l'idée d'une adaptation ambitieuse du célèbre Apprenti sorcier de Paul Dukas, avec pour objectif de remettre le personnage de Mickey sur le devant de la scène, et d'initier un jeune public à un courant musical souvent jugé barbant. Sur les conseils du chef d'orchestre Leopold Stokowski, et alarmé par un budget grimpant en flèche, Walt Disney décide finalement d'incorporer L'apprenti sorcier à un gigantesque projet d'anthologie musicale, révolutionnaire pour l'époque.


Souhaitant dans un premier temps distribuer le film sous une forme itinérante de concerts, le papa de Mickey n'aura d'autre choix que d'opter pour un circuit conventionnel, subissant à l'arrivée un sacré revers financier, dû principalement à la nature du long-métrage et à un marché international inexistant, la faute au second conflit mondial.


Présenté par le musicologue Deems Taylor, Fantasia s'articule autour de sept tableaux (le dernier étant scindé en deux), d'une durée variable, et apportant chacun une vision différente mais complémentaire de l'émotion véhiculée par la musique. Si l'orchestration musicale du Philadelphia Orchestra sert bien évidemment à illustrer une histoire, elle peut également traduire une simple impression, un sentiment, voir un concept, comme le montrent certains segments totalement abstraits.


Osmose parfaite entre l'image et le son, Fantasia bénéficie encore aujourd'hui d'une animation remarquable, et offre des séquences absolument sublimes et inoubliables, tout à la fois poétiques, drôles, gentiment irrévérencieuses (représenter les danseuses de la Danse des heures par des autruches et des hippopotames, il fallait oser) et même carrément flippantes. Impossible effectivement d'oublier la puissance de certains instants, de certaines images, telles les apparitions de Zeus sur son nuage ou du démon Chernobog, créature maléfique ayant hantée les cauchemars de nombreux marmots.


Projet unique en son genre et à l'ambition démesurée d'un studio capable de vendre du rêve comme personne, Fantasia est une pure oeuvre d'art d'une beauté fracassante, peu accessible il est vrai mais incroyablement ludique et pédagogique, renfermant en son sein une multitude de merveilles pour qui saura l'appréhender.

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le 17 avr. 2015

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Gand-Alf

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