Difficile de saisir un film qui ne se donne pas à voir si facilement. Alors je le diviserais en trois séquences, trois temps, trois espaces. D'abord celui de la narration. Quelque part dans New-York, une femme se prépare, avant de sortir peut-on supposer. On la suit pendant qu'elle s'épile, se maquille, s'habille. Mais surtout pendant qu'elle raconte des histoires. Le film a alors l'audace de souligner le processus de la narration en la réduisant à son plus simple appareil : une personne qui parle. Nous ne sommes même pas sûrs qu'il existe un auditeur autre que nous-mêmes. Et la séquence de se conclure sur l’apparition d'un personnage d'abord virtuel, mettant en scène le passage entre des espaces a priori hermétiques.
Cela annonce l'importance de la transition dans ce film. On pouvait déjà s’en douter avec l'usage d'un croc dans une pomme pour passer d'une scène à une autre. Comme si, loin de croquer la vie, l'héroïne se plaisait à croquer la ville. Cette importance de la transition transparaît aussi dans ses absences. Un plan d’extérieur suffit à marquer le passage de New-York à Paris. Les extérieurs sont d'ailleurs décidés pour être l'exact opposé des intérieurs. L'image y est remplie de bruit autant qu'il en manque au son. Ce court plan de New-York renforce entre la distance physique et la distance affective de l'héroïne à sa ville. Tout cela se conclue sur des plans où l'héroïne revêt un costume tout droit sorti d'un jeu vidéo, avant d'arpenter les rues de Paris. Une étrangère dans la ville qui circule entre tous les espaces.