C'est à chaque fois la même chose. Lorsqu'un opus Fast & Furious sort au cinéma, il y ceux qui disent que ces films s'enfoncent toujours plus dans le ridicule et le grotesque et qu'ils sont une honte pour le cinéma de divertissement. D'un autre côté, il y a ceux qui aiment cette saga pour ce qu'elle a à offrir et qui ne cherchent pas à y voir des films intelligents ou subtils mais plutôt des divertissements exagérés et assumés. Depuis Fast and Furious 4 sorti en 2009, la saga a pris un tournant, chaque opus essayant d'aller toujours plus loin et de faire toujours plus gros dans les scènes d'action, quitte à perdre toute notion de réalisme. Soit on accroche et on passe du bon temps devant ces films d'action volontairement bourrins, soit on passe de longues heures d'ennui.
Évidemment, Fast and Furious 8 est dans la pure lignée de ces prédécesseurs, le spectacle est assuré du début à la fin. On retiendra surtout trois scènes fortes. Une première dans une prison, une autre avec des voitures qui tombent du ciel, et une dernière avec un sous-marin nucléaire. F. Gary Gray est le nouveau venu dans la famille F&F, prenant le poste de réalisateur laissé vacant par James Wan après le précédent opus. Il s'en sort très bien pour faire ressortir tout le côté énorme et incroyable de chacune des scènes d'action. Particulièrement lors des scènes de combat au corps à corps où chaque coup donné résonne et fait mal. Dwayne Johnson et Jason Statham sont les mieux servis de ce côté, ils se font plaisir en enchaînant les adversaires avec une facilité déconcertante, assurant le show presque à eux seuls. Même si son travail est remarquable et que ce F&F8 est tout à fait impressionnant, F. Gary Gray commet une légère faute de goût en ajoutant un peu trop de ralentis lors des scènes mouvementés. Parfois, ça passe et on assiste à de beaux plans, d'autres fois c'est clairement dispensable. Cependant, à part ce détail, le cinéaste américain ne déçoit pas et maîtrise complètement son sujet.
Mises à part les scènes d'action qui représentent certes l'intérêt principal, ce huitième opus surprend un peu tout de même par son récit qui a un côté un peu plus sombre que les autres. Notamment lors des scènes avec Vin Diesel et Charlize Theron. Le premier fait preuve d'une sensibilité étonnante et inédite chez son personnage. La seconde semble bien s'amuser dans ce blockbuster et ne prend pas son rôle à la légère. Néanmoins, ces touches un peu plus sérieuses ne dénotent pas avec le reste, il y a toujours une grande place laissée à l'humour et à la dérision. Cela se voit que le film a bien conscience de l'aspect complètement invraisemblable du spectacle qu'il propose, c'est même l'une des sources de plaisanterie du long-métrage. Ils en rigolent et certaines séquences sont clairement tournées vers la comédie, à l'image de celle avec le berceau. Quand on prend le film à la légère, au second degré, les scènes d'action ne sont alors plus seulement sensationnelles, elles en deviennent comiques. Mais c'est un comique complètement assumé et recherché. Suffit de voir toutes les punchlines qui fusent et les répliques de certains personnages comme celui de Tyrese Gibson. Si le film est drôle, ce n'est pas parce qu'on se moque de lui mais parce qu'on rit avec lui. C'est ce qui différencie la saga Fast and Furious des nanars, et c'est ce qui fait son succès.
The Fate of the Furious, titre originale de ce nouveau volet, ne convaincra probablement pas ceux qui n'aimaient pas la saga de base. En revanche, ceux qui adhèrent au délire proposé dans ces films vont sûrement prendre leur pied devant ce très bon divertissement. Il n'y a pas grand chose de nouveaux, il y a même des éléments des précédents opus qui réapparaissent, pour le plaisir parfois des fans. La franchise finira très certainement par s'essouffler à force de constamment essayer de faire toujours plus gros, plus impressionnant et d'exagérer au maximum. Mais jusque là, ils assurent et assument complètement le spectacle, et on en redemande.