On a tous des films comme ça, où on a l'impression d'être seul contre le reste du monde. Fatal en fait indéniablement partie pour moi. MAIS ! Mais. Je retrouve dans les critiques glanées çà et là tous les éléments qui auraient pu constituer la mienne. Une succession de gags très lourds, pour lesquels il faut s'accrocher, des longueurs (et attention, j'ai quand même eu le cran de me taper une version longue non-officielle, jamais sortie en DVD ou au cinéma), un Mickael Youn qui en fait trop, des acteurs de troisième rang, et des moments qui donnent envie de se cacher la tête dans les mains et de basculer en position foetale, avec un léger mouvement de bascule. Je pense partager ces sentiments avec bon nombre des spectateurs.
Mais il y a aussi des choses qui sont très très bien, et qui manquent à beaucoup de comédies.
Je me demande parfois si la qualité d'une comédie ne tient pas autant à ses premières secondes qu'à son développement. Ici, on est plongé en 1 minute dans un univers complétement con, résolument non-sérieux, 15ème degré de ridicule assumé. Parodies de publicité et de clips, le tout très bien rythmé, on commence le film si ce n'est dans des éclats de rire, au moins avec un sourire franc. Mission accomplie ? Un peu oui.
Parce que dès lors, le message est passé, pas question de juger l'esthétique des plans, le jeu des acteurs, l'écriture des dialogues, on est dans un espèce de trip gras, on est dans la rédaction de français son meilleur pote au collège qui a décidé de faire rire la classe, quitte à se taper 4/20. Hop, on débranche son cerveau, on se met en mode public facile (mieux vaut ne pas regarder ce film seul), et on se laisse porter.
Car il y a du très très bon dans Fatal. Du savoureux même.
Stéphane Rousseau est incroyable en chanteur électro-bio insupportable. Imaginez le Blond de Gad Elmaleh, en plus metrosexuel, avec un soupçon de Jean-Claude Vandamme et d'Edouard Baert en scribe. Le personnage marche. Le duo comique formé avec Fatal aussi. Forcément les ficelles sont connues. Zoolander n'est jamais loin et le fil rouge en suit la trame légèrement opaque.
Il y a aussi des petits moments où le jeu de Mickael Youn colle bien, on retrouve le trublion des années de feu-M6. Je pense notamment au spot tourné pour Canapi, où on comprend finalement que c'est dans des mascottes en mousse ridicule qu'on préfère l'ancien animateur du Morning Live.
Mais le vrai point fort du film tient à la pertinence des parodies. Tous les clips réalisés pour le film, ainsi que les chansons écrites et composées pour l'occasion sonnent plus authentiques qu'authentiques. Incroyable.
Mention spéciale à Gaétan, le poète maudit de la chanson française, clône plus vrai que nature de Raphaël, Renan Luce et autres "chansonniers acoustiques". Mais la chanson de la tournée des Enculés est aussi frappante, et des sommets sont atteints avec Eva Gin (...), allégorie de la vogue chanteuse-pute over-moulée au talent inversement proportionnel au bonnet de soutien-gorge.
Illustration : http://www.youtube.com/watch?v=Fig3iCK3Iqc
Ultime pied-de-nez fait à l'industrie musicale telle qu'elle est aujourd'hui, Mickael Youn, qui lui-même s'est enrichi dans cette triste impasse, nous livre une parodie d'une violence extreme. Et on voit que c'est d'une simplicité affolante de faire des tubes, que tout sort du même moule, avec le même arrière-goût de caca au sucre glace, que les radios et chaines télé "musicales" ne diffusent que de la soupe à la tomate. Et on enrobe le tout avec du placement de produit partout partout partout, assumé jusqu'à intégrer les marques et slogans dans les paroles. J'ai mal à la musique.
Mais quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt. Tant pis. J'ai ri.