Quelle claque.


Sans rire, je pense qu’un film ne m’avait pas autant marqué depuis quelques années.
Spring song est sans aucun doute le meilleur film de la trilogie, et ça tient à pas mal de choses. On peut d’abord souligner l’incroyable travail d’animation de la part d’Ufotable, le film est très propre tout le temps, dans n’importe quelle scène même les plus banales et lorsqu’il décolle, il décolle vraiment. Le combat de Medusa contre Saber Alter est peut-être le plus fou que j’ai pu voir, aussi bien au niveau de la mise en scène que de l’animation, merci Nozomu Abe.
N’oublions pas non plus le sound design qui donne de l’impact aux coups, et la BA de Kajiura qui, même si elle n’est pas forcément à son meilleur, reste d’excellente qualité.


De façon générale, le film est parsemé de scènes marquantes. Parfois c’est juste la mise en scène qui rend des moments simples plus importants, mais beaucoup de scènes restent en mémoire, tant et si bien qu’il me serait presque impossible d’en faire la liste ici sans raconter tout le film ! Chaque personnage a l’occasion de briller dans une scène, que ce soit une confrontation ou une scène touchante (je pense particulièrement à Illya). Et que ne ferais-t-on pas pour la douce voix de Jouji Nakata (Kotomine Kirei) !


C’est aussi un plaisir pour les amateurs de lore Type Moon ! Le film profite de quelques caméos de têtes plus ou moins connues, et c’est toujours un plaisir de voir ces personnages dont on sait peu de choses.


Mais ce qui m’a particulièrement plus dans le film, qui est construit pendant toute la trilogie, c’est la réflexion sur la Justice. Pour moi, Heaven’s Feel est la continuité logique de Zéro (en animé tout du moins) au niveau de sa thématique et de ses messages, à tel point que j’ai du mal à croire que le roman original est sorti après le VN. Zéro poussait l’idée de « sauver le plus grand nombre en sacrifiant la minorité » le plus loin possible, pour finalement en montrer les limites. Heaven’s Feel se présente comme l’héritier de cette conclusion, où Shiro se distancie de son père et décide au contraire quasiment de sacrifier la majorité pour sauver la minorité. On a souvent dit de cette route qu’elle représentait l’âge adulte, et malgré qu’en apparence le choix de Shiro semble immature, il me semble au contraire vraiment intéressant. Vouloir sauver tout le monde, porter le poids du monde sur ses épaules et une épreuve vaine. Il faut considérer les gens pour ce qu’ils sont : des personnes, des êtres humains, et les réduire à une quantité que l’on voudrait sauver est absurde, de la même façon qu’il est absurde de considérer uniquement des choix binaires. Et quoi de mieux pour retrouver cette humanité que de sauver l’être cher ? Je surinterprète un peu, mais je suis vraiment surpris de constater que très peu d’œuvres ou d’écrits analysent cet élément récurrent de la fiction où un personnage doit choisir entre un proche et le monde, et fait le choix de sauver les deux, alors qu’il me semble qu’il y a pas mal de choses intéressantes à en tirer, en particulier en mettant ça en parallèle avec des auteurs comme Tocqueville.


J’apprécie aussi particulièrement le personnage de Sakura, qui évite d’être réduite à une fille en détresse à sauver et qui va continuer et parachever son évolution. Je n’ai évidemment aucune légitimité pour porter ce jugement, mais il me semble qu’en tant que personnage représentant une victime de violences et d’agressions sexuelles, son arc était réussi.


Dans ce film par ailleurs, ce sont les sœurs qui deviennent de véritables héroïnes. Rin sauve Sakura, Illya sauve Shiro, et leurs arcs narratifs respectifs n’en sont que plus pertinents.


On pourrait encore appliquer d’autres grilles de lecture à ce film et à la trilogie entière, mais je n’ai bien entendu pas la prétention de toutes les présenter ici. Chacun peut y voir des choses différentes, c’est aussi ce qui fait la beauté des œuvres avec de fortes significations.


Spring Song est donc une incroyable conclusion à presque 10 ans de Fate par Ufotable, et ça c’est beau.
Alors quand retentissent les premières notes de Haru wa Yuku, on porte un regard satisfait sur tout le chemin parcouru, et on se laisse emporter par les dernières notes de Fate/Stay Night.
Un pas en avant, vers l’avenir.


10/10

MathieuBaesen
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le 4 sept. 2021

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Mathieu Baesen

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