Otherside Picnic est une œuvre difficile à adapter.
Si le roman de Iori Miyazawa est à mon sens excellent, c’est notamment parce que c’est une œuvre horrifique foutrement bien pensée. L’horreur y est toujours suggérée par l’étrange et l’incompréhensible, mais le danger des situations est clair. L’animé partait donc avec un désavantage dès le départ, car par nature ajouter une notion de concret par l’image et le son réduit l’impact que peut avoir la suggestion de l’horreur. Et pourtant, à ce niveau-là, l’animé s’en sort plutôt honorablement. On est loin de la perfection, mais on arrive tout de même à ressentir ce côté incompréhensible et insaisissable de l’Otherside.
Mais alors, où est-ce que ça pêche ? La réponse tiens en deux éléments : la production et l’ordre des chapitres.
D’une part il faut bien se l’avouer, Otherside Picnic est une production à l’image de celles de Lidenfilms ces derniers temps : compliquée. Les premiers épisodes tout particulièrement sont souvent laids quand ils montrent des personnages, on passe de la 2D à la 3D assez salement, et les plans fixes un peu moches sont légion. Le visionnage est donc par moment compliqué, et il peut être difficile de rentrer dans l’œuvre.
Et d’autre part, l’animé fait des choix très curieux en termes d’adaptation, à savoir changer l’ordre des chapitres par rapport au roman, en ajouter des originaux et donner plus de temps aux chapitres plus courts. Si dans le roman les chapitres sont effectivement séparés chronologiquement, leur ordre à un sens aussi bien à l’échelle du tome que de l’œuvre complète, et retirer cet ordre donne à l’animé l’allure d’une œuvre qui ne sait pas où elle va, et se conclue sur un chapitre relativement mineur. Ma théorie personnelle, c’est que quelqu’un s’est dit que ce ne serait pas possible d’adapter correctement tout ce qui tournait autour de Satsuki en un seul cour, ces chapitres n’ont donc pas été adaptés, et il a fallu ensuite trouver un point d’arrêt pour la série, d’où ce que l’on a.
Et ça donne également quelques incohérences, comme lorsque Toriko utilise son chapeau pour rentrer de la plage, et qu'il est soudainement de retour quelques épisodes plus tard. Dans le roman, l'ordre de ces chapitres était bien entendu inversé.
L’animé ajoute également deux épisode originaux, qui sont plutôt chouettes, surtout le second. Cependant, c’est un choix que je trouve curieux également, car ces épisodes prennent l’allure de fillers et n’apportent rien à la série dans sa globalité, tandis que d’autres arcs plus importants manquent d’épisodes en parallèle.
Et pour finir sur les choix bizarres, certains chapitres comme celui sur les militaires bénéficient de plusieurs épisodes, tandis que d’autres beaucoup plus longs dans le roman comme celui où Sorawo doit sauver Toriko sont réduits à un seul épisode.
C’est probablement ce qui résume mon expérience de l’animé Otherside Picnic d’ailleurs, un ensemble de choix que je n’arrive pas à comprendre. A ce compte-là, j’aurais aimé que l’animé prenne plus de libertés, quitte à faire quelque chose de complétement différent. Résultat, on se retrouve avec un animé qui a le cul entre deux chaises, qui a une conclusion peu intéressante et qui ne profite pas du meilleur de son support original. C’est très dommage, d’autant que le plus dur en termes d’adaptation était quasiment fait !
Tout cela étant dit, je pense qu’Otherside Picnic en animé reste plutôt fidèle à l’esprit du roman et à ses personnages, ce qui en fait tout de même une « pub » plutôt pas trop mal, c’est toujours ça de pris. Je ne peux que vous recommander de vous pencher sur le roman, disponible en anglais, qui est une formidable histoire d’horreur, d’aventure et de yuri. En plus ça tombe bien, le cinquième volume vient juste de sortir…
6/10