"Father Figures" est un film qui ne surprendra personne - hormis dans sa conclusion que l'on n'aura pas vu venir et qui doit probablement être la raison de son existence, à une époque où ce genre de comédie de moeurs n'a plus vraiment de public ni donc de raison d'être : l'enchaînement des stéréotypes au cours de cette recherche du père (comme seule capable de donner un sens à la vie de nos héros...) est étonnante, conférant au parcours "psychologique" des personnages une banalité improbable que les scénaristes essaient de cacher derrière des incidents vaguement farfelus. Rien donc de bien enthousiasmant en soi dans ce film qu'on a le sentiment d'avoir vu mille fois déjà, même si le twist final permet d'en sortir avec une jolie impression de fraîcheur.
Et pourtant, je ne peux nier le plaisir que j'ai pris à regarder "Father Figures", un plaisir même pas honteux : le plaisir de voir interprétées par des acteurs sympathiques (Wilson et Helms), voire même excellents (Glenn Close, JK Simmons ou Christopher Walken, un beau casting quand même !), des situations joliment farfelues ou doucement touchantes, dans une sorte de tradition (désormais presque artisanale...) d'un cinéma qui se souciait de parler de nous, quitte à emprunter sans vergogne des raccourcis simplificateurs permettant d'accrocher le grand public.
Oui, à bord de ce vol transatlantique inconfortable qui me ramenait vers ma famille, et après avoir vainement tenté (j'ai tenu 10 minutes) de m'intéresser aux effets digitaux et aux injonctions grandiloquentes de "Black Panther" sur un écran de 15 cm sur 10, "Father Figures" m'a fait verser ma petite larme - sans doute l'effet du manque d'oxygène - et rire de bon coeur trois ou quatre fois. Penser à mon papa et ma maman, à ma femme et mes enfants que j'aime. Et me souvenir que, quelque fois, on n'en demande pas plus au cinéma : un peu d'humanité, un peu de confort de l'âme.
[Critique écrite en 2018]