Un film gentillet qui manque d'attachement.

Après avoir obtenu un succès mérité avec Les Choristes, il est normal que le nouveau projet de Christophe Barratier, Faubourg 36, se fasse autant attendre. D’autant plus que le cinéaste s’est entouré du même casting que son film précédent (à savoir Gérard Jugnot, Kad Merad, Maxence Perrin ou encore Philippe Du Janerand). Maintenant, il ne reste plus qu’à savoir si ce Faubourg 36 se montre de taille face aux mythiques Choristes !

Dans un faubourg populaire du nord de Paris en 1936, l'élection printanière du gouvernement de Front Populaire fait naître les plus folles espérances et favorise la montée des extrêmes. C'est là que trois ouvriers du spectacle au chômage décident d'occuper de force le music-hall qui les employait il y a quelques mois encore, pour y monter un "spectacle à succès". Le lieu sera le théâtre de la plus éphémère des belles entreprises.
Ce qui touchait dans Les Choristes, ce n’était pas l’originalité mais l’histoire. Celle de ses enfants maltraités et perturbateurs qui trouvaient enfin une certaine paix grâce à leur pion qui les faisait chanter. Un film, une histoire ! Avec Faubourg 36, c’es plutôt un fourre-tout que nous avons-là, où plusieurs histoires parallèles s’emmêlent : un père faisant tout pour retrouver la garde de son fils, un comique raté qui cherche la renommée, un rebelle de la société qui trouve l’amour dans les bras d’une fille dont la carrière décolle grâce à l’affection que lui porte le « méchant » de l’histoire, un vieillard qui sort de l’ombre car sa « fille » refait surface et lui redonne le goût de composer... Il bien admettre que chaque histoire est attachante, vu les propos qui sont abordés (la célébrité et la famille entre autres), mais une seule aurait largement suffi à ce Faubourg 36. Du coup, le film perd le spectateur en switchant inlassablement sur chaque trame, sans jamais à les rendre aussi touchantes que celles des Choristes. Nous nous retrouvons donc simple spectateur du malheur et de la renaissance de personnages, c’est tout. Et ce n’est pas quelques détails historiques de la France des années 30, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale et en pleine bataille entre Communistes et le Front populaire, qui donneront plus de cœur à l’ensemble, malheureusement...

Il est fort dommage de ne pas éprouver bien plus d’empathie envers chaque personnage, tous interprétés avec justesse. À part un Clovis Cornillac, excessif dans son jeu, comme toujours... Jugnot est tout aussi bluffant dans ce rôle équivalent à ceux de Monsieur Batignole et des Choristes. Kad Merad prouve une fois de plus qu’il peut joué avec sobriété, sans user de son comique à tout bout de champ. Nora Arnezeder est pétillante, à l’image des spectacles du music-hall le Chansonia, Pierre Richard se montre étonnant, et le jeune Maxence Perrin (le jeune Pépinot des Chorsites confirme son talent. Mais le mérite revient à Bernard-Pierre Donnadieu, l’acteur du film qu se révèle être le plus naturel, avec son jeu imprévisible.

Dommage également que le scénario n’arrive pas à s’effacer derrière une mise en scène quelque peu tape-à-l’œil mais réussie. Si elle n’excède pas vraiment dans l’émotion, la caméra de Barratier film avec les malices les parties chantées, dont la séquence de Partir pour la mer. Sans compter que Faubourg 36, grâce à un budget plus colossal que Les Chorsites, se permet de mettre en avant des costumes réussis, des décors superbes et des accessoires d’époques, nous emmenant sans problème dans ce Paris dans années 30. Le tout sublimé par la photographie de Tom Stern, qui a contribué au travail de mise en scène de Mystic River et de Million Dollar Baby. Dommage également qu’il y ait une surdose de musique qui flirte bien plus avec la gaîté des music-halls et autres cabarets qu’avec la sobriété et la puissance que dans Les Choristes.

Finalement, Faubourg 36 n’a rien d’une claque. Ce n’est qu’un film populaire fort sympathique qui se laisse regarder sans déplaisir mais qui n’a pas le charme des Choristes. D’ailleurs, je n’ai fait que comparer ces deux films tout au long de cette critique. Certains pourront me faire des remarques sur le sujet, mais je pense qu’il était nécessaire de la faire, pour confirmer le fait qu’un succès d’un jour n’est pas synonyme d’un nouveau grand film de la part d’un même réalisateur. C’est tombé sur Christophe Barratier, même s’il est loin d’être le seul dans ce cas !

Critique lue 508 fois

D'autres avis sur Faubourg 36

Faubourg 36
Grard-Rocher
6

Critique de Faubourg 36 par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Au printemps 1936, le "Front Populaire" remporte les élections. Le gouvernement formé, les premières mesures sociales entrent en application notamment le repos hebdomadaire et la baisse du temps de...

10 j'aime

4

Faubourg 36
tompompon
3

Critique de Faubourg 36 par tompompon

Les décors en papier-mâché, Clovis Cornillac et le fait de ne pas avoir vu le film en VO (vive l'expatriation !) font que j'ai trouvé Faubourg 36 tout pourri... Heureusement que l'actrice Nora...

le 23 sept. 2010

6 j'aime

Faubourg 36
JeanG55
5

Faubourg 36

Barratier … "Les choristes", le film était goûteux en première vision mais les grosses ficelles (démagogiques) apparaissaient dès le deuxième visionnage, gâtant le spectacle, une fois l'intrigue...

le 28 avr. 2024

5 j'aime

2

Du même critique

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
sebastiendecocq
8

Un coup dans l'eau pour la future Justice League

L’un des films (si ce n’est pas LE film) les plus attendus de l’année. Le blockbuster autour duquel il y a eu depuis plusieurs mois un engouement si énormissime que l’on n’arrêtait pas d’en entendre...

le 28 mars 2016

33 j'aime

1

Passengers
sebastiendecocq
5

Une rafraîchissante romance spatiale qui part à la dérive

Pour son premier long-métrage en langue anglophone (Imitation Game), Morten Tyldum était entré par la grande porte. Et pour cause, le cinéaste norvégien a su se faire remarquer par les studios...

le 29 déc. 2016

29 j'aime

La Fille du train
sebastiendecocq
4

Un sous-Gone Girl, faiblard et tape-à-l'oeil

L’adaptation du best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, joue de malchance. En effet, le film sort en même temps qu’Inferno (à quelques jours d’intervalles), un « Da Vinci Code 3 » qui attire...

le 28 oct. 2016

28 j'aime

4