Barratier … "Les choristes", le film était goûteux en première vision mais les grosses ficelles (démagogiques) apparaissaient dès le deuxième visionnage, gâtant le spectacle, une fois l'intrigue connue. "Le temps des secrets", dès le premier visionnage, ne tenait pas la route face au livre de Pagnol et surtout face aux films d'Yves Robert.
Il me restait à voir "Faubourg 36" réalisé en 2008 et que je revois pour la deuxième fois.
Là, on est dans la comédie musicale. Avec un contexte typique de 1936 avec l'arrivée au pouvoir du Front Populaire. Une équipe d'artistes se bat pour maintenir à flot un music hall (populaire), "le Chansonnia", situé dans le "Faubourg".
Une chose m'a bien plu dans le film, c'est le rôle de Douce tenu par la jeune Nora Arnezeder. J'avais découvert cette actrice dans "Ce que doit le jour à la nuit" d'Arcady. Là, c'est son premier rôle et on sent déjà une belle présence à l'écran dans son rôle à la fois d'actrice et de chanteuse.
Ensuite, bien des choses m'ont laissé de marbre.
La tonalité globale du film se veut dramatique. Le problème, c'est que j'ai du mal à y croire, à m'impliquer dans l'histoire. Est-ce le scénario qui accumule un peu trop de clichés et qui manque un peu de finesse en maniant les grosses ficelles bien mélo ? Est-ce que les personnages manquent un peu de profondeur, un peu de définition ? Certainement, un peu de tout ça.
La malchance (infernale) qui poursuit un des personnages principaux (Jugnot) entre la femme qui fout le camp, la perte de la garde du gosse, l'accordéon du gosse, l'alcoolisme du père et j'en passe. On est un peu trop dans le "voyez comme il est malheureux" en essayant de tirer des larmes au spectateur.
Le contexte politique de grèves générales, le bon peuple qui voit se lever l'espoir de temps heureux mais qui doit faire face à des mouvements réactionnaires, voire d'extrême-droite. C'est encore les clichés façon "voyez comme les temps sont durs et les possédants impitoyables" malgré l'espoir insensé mais tellement convenu de pouvoir un jour voir la mer (grâce aux congés payés).
Le propriétaire de la salle qui est une ordure intégrale (BP Donnadieu) dont le nom est Galapiat (sic) qui flirte évidemment avec les réactionnaires, a quand même un bon service RH puisqu'il parvient à apparaître en "Galapiat le bien-aimé "…
Quelques bonnes surprises dans les seconds rôles comme Pierre Richard dans son rôle d'ancien chef d'orchestre retiré du monde qui se remotive soudain sans trop cabotiner. Ou encore Philippe du Janerand, conseiller de BP Donnadieu et féru d'Histoire, plutôt amusant.
En bref, "Faubourg 36" est un film qui se veut populaire dans lequel les nostalgiques de cette époque peuvent sans difficultés retrouver une atmosphère d'avant-guerre plutôt bien reconstituée, la musique façon musette, l'impertinence gentillette des chansonniers, des jeux d'acteurs pétris de bons sentiments (Jugnot, Kad Merad et Cornillac) face à des méchants (BP Donnadieu) pas toujours si méchants.
Mais "Faubourg 36" ne parvient pas à masquer les insuffisances ou imprécisions du scénario dont on a cru, un peu vite, que les clichés ou les stéréotypes seraient suffisants.